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Conférence d’Astana: la gestion de l’eau pour aider à régler un conflit, selon la Suisse

Le conseiller fédéral lancera dans la capitale kazakhe une initiative suisse visant à poser de nouveaux jalons pour une coopération transfrontalière dans le domaine de l'eau en Asie centrale (archives). Keystone/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) Le chef de la diplomatie Didier Burkhalter sera le 19 juin à Astana, au Kazakhstan, dans le cadre d’une conférence sur l’eau. Jean-Gabriel Duss, expert de la DDC, rappelle que la “diplomatie bleue” est une des priorités de la politique étrangère de la Suisse.

Le conseiller fédéral lancera dans la capitale kazakhe une initiative suisse visant à poser de nouveaux jalons pour une coopération transfrontalière dans le domaine de l’eau en Asie centrale. Lors de l’ouverture de la conférence, il plaidera pour qu’une gestion structurée de l’eau constitue un facteur de stabilité. a indiqué jeudi le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) dans un communiqué.

Outre la Suisse, cinq Etats d’Asie centrale (Kazakhstan, Kirghizistan, Ouzbékistan, Tadjikistan et Turkménistan) et leur ministre ainsi que des observateurs internationaux participeront à la conférence “Blue Peace Central Asia” pour échanger sur les thèmes de l’eau et de la sécurité ainsi que de la croissance durable pour tous.

“Servir de pont”

Cette “diplomatie bleue”, notamment au Proche-Orient et en Asie centrale, où la Suisse est engagée depuis une vingtaine d’années, a des aspects très concrets. “Elle essaye à travers le dialogue et la mise en œuvre d’initiatives conjointes d’amener un changement de dynamique”, explique à l’ats Jean-Gabriel Duss, spécialiste du changement climatique à la Direction du développement et de la coopération(DDC).

“La gestion conjointe de l’eau est souvent antérieure aux conflits et persiste malgré eux, elle peut donc servir de pont à leur résolution”, ajoute M. Duss. “C’est un lien qui existe et qui peut permettre de reconstruire une relation de confiance”.

La première étape a été une rencontre à Bâle en novembre 2014 entre les pays d’Asie centrale, qui ont discuté de la thématique de l’eau afin de la percevoir d’une manière différente et définir un agenda de travail. “Cette nouvelle approche leur a permis d’imaginer des infrastructures conjointes, par exemple un barrage partagé entre deux pays, comme ce qui se fait avec le barrage d’Emosson entre la Suisse et la France”, précise M. Duss.

Echange de données essentiel

Pour mieux gérer les ressources en eau, il est indispensable tout d’abord de bien les connaître. La génération et le partage d’information hydrométrique représente une première étape-clé dans une coopération transfrontalière sur l’eau.

Cet expert de la DDC évoque ainsi une des initiatives conjointes, un projet de partage de données entre deux pays, avec des collaborations au niveau public, privé et universitaire.

Selon M. Duss, le changement climatique amène également un stress et une incertitude sur les ressources: “Ces pays ont un fort potentiel de progrès sur la gestion de l’eau, principalement utilisée par l’agriculture; mais il y a des incertitudes sur l’influence du réchauffement climatique, raison pour laquelle l’information climatique et l’échange des données sont essentiels”.

Collaboration concrète

A Astana, un rapport intitulé “le coût de l’inaction” sera présenté. Il s’agit de savoir ce qui arrivera si rien n’est fait: agir maintenant ou assumer les coûts élevés de l’inaction. Ces coûts se chiffreraient à plusieurs milliards de dollars par année, selon lui.

Par ailleurs, la conférence va formaliser les modalités de la collaboration. Quatre thèmes ont été définis: les infrastructures partagées, la qualité de l’eau, l’information climatique et le développement des capacités.

“Au niveau international, un panel mondial a été lancé en 2015. On arrive dans un moment fort, il devrait annoncer ses recommandations le 14 septembre à Genève dans un rapport”, souligne M. Duss.

La Suisse a activement soutenu le travail du panel, elle essaye d’amener cette thématique dans l’agenda international. C’est un travail qui porte ses fruits, puisqu’il y a une prise de conscience de l’importance de l’eau pour la sécurité et la paix. 40% de la population mondiale vit dans des zones de bassins partagés.

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