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Conférence de Montreux: il faut expliquer le fédéralisme “méconnu”

Pascal Broulis, conseiller d'Etat vaudois, ouvre jeudi à Montreux (VD) la Conférence nationale sur le fédéralisme KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT sda-ats

(Keystone-ATS) “Méconnu”, le fédéralisme doit être promu et expliqué aux citoyens suisses, affirme la Déclaration de Montreux. La 5e Conférence nationale sur le fédéralisme s’est ouverte jeudi sur la Riviera. Quelque 400 participants sont attendus.

Avec son titre général “La Suisse sera-t-elle encore fédéraliste dans 50 ans?”, la conférence ne veut pas “provoquer”, assure son président, le conseiller d’Etat vaudois Pascal Broulis. Il faut se projeter dans l’avenir et s’interroger.

Avantages clairs

Cette thématique “tombe particulièrement bien, avec la Catalogne, la Lombardie ou la Vénétie, beaucoup de pays se posent des questions”, poursuit le ministre quelques minutes avant l’ouverture de la conférence. Pour la Suisse, le fédéralisme et ses avantages sont évidents à ses yeux: création de richesse, compétitivité, mais aussi dialogue, respect des minorités, pondération de la puissance des cantons.

Il y a 10 ans, le canton d’Obwald était l’un des plus pauvres, aujourd’hui il a pris place dans le peloton de tête des plus riches, se félicite Pascal Broulis. “La redistribution péréquative” des richesses est essentielle pour que l’ensemble fonctionne.

Danger manifeste

Quand des régions riches d’Europe parlent de “fédéralisme fiscal”, ajoutant qu’elles ne veulent plus payer des milliards d’euros à Rome qui les “gaspille”, Pascal Broulis reconnaît que cela peut devenir “très dangereux” s’il n’y a pas de solidarité. “Les Vaudois paient pour le bien-être des Uranais”, argumente le ministre vaudois des finances.

Entre la Bulgarie et le Luxembourg, l’Union européenne (UE) ne connaît pas la péréquation. Elle finance seulement des projets, relève le conseiller d’Etat. “Vous devez redistribuer les richesses”, martèle l’auteur de “L”impôt heureux”.

S’engager et expliquer

Malgré toutes ses qualités, le fédéralisme reste pourtant une notion vague pour un tiers des Suisses, selon un sondage commandé pour la Conférence de Montreux qui dure jusqu’à vendredi et qui accueillera la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga. Une déclaration a été élaborée et sera signée sur un mur par les participants.

Intitulée “Le fédéralisme, la force de la Suisse”, elle souligne que ses signataires “reconnaissent l’importance de promouvoir le fédéralisme en s’engageant à nourrir le débat public”. Il faut débattre des “tenants et des aboutissants” de ce modèle qui “mérite toute notre attention”, souligne la déclaration.

Système méconnu

Le sondage tient en effet de la sonnette d’alarme. Le fédéralisme est méconnu de la population, ce qui montre “un attachement relatif à ce mode de gouvernance”, en particulier chez les plus jeunes. Pour contrer ce péril, Pascal Broulis verrait d’un bon oeil un enseignement du civisme relancé ou accru, lui qui est sûr que la Suisse sera toujours fédéraliste dans 50 ans.

Selon le sondage, le fédéralisme est une notion assez vague pour 35% de la population. Et moins de la moitié des gens se disent attachés à ce système. Les Suisses semblent toutefois s’accommoder de la situation actuelle, avec 72% dans le grand public qui ne veulent pas de changement.

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