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Confusion et tensions après la grève chez Mecalp à Meyrin (GE)

(Keystone-ATS) Un climat de confusion et de tension régnait mercredi, au lendemain d’un mouvement de grève chez Mecalp Technology à Meyrin (GE). Les discours tenus par la direction et le syndicat Unia divergent totalement, tandis qu’une partie des employés poursuivait le débrayage.

“Il n’a jamais été question de licencier qui que ce soit!”. C’est un patron furieux qui a répondu à l’ats mercredi. Merouane Belkoraichi, directeur de la filiale du groupe français Bontaz-Centre, aurait seulement demandé à ses employés d’allonger leur semaine de travail à 42 heures, au lieu de 40, à salaire égal. Unia maintient de son côté le fait que trois personnes ont été licenciées oralement mardi.

“La direction leur a demandé d’aller se changer. Lorsque nous sommes arrivés sur place, ces trois personnes étaient habillées en civil, entourées de collègues en bleu de travail”, explique Alessandro Pelizzari. “C’est d’ailleurs ce qui a conduit le personnel à faire grève mardi, en signe de solidarité”. Un imbroglio inédit pour le syndicaliste, secrétaire pour la région genevoise depuis 2008.

“Intimidations et menaces”

Invoquant le renforcement du franc, l’entreprise aurait également prévu des baisses de salaires de l’ordre de 10%, selon Unia. Le syndicat évoque des “intimidations et des menaces” de la part de la direction. Là encore, Merouane Belkoraichi réfute en bloc ces affirmations. De même qu’il nie l’existence d’un protocole d’accord entre les parties.

Pour rappel, des négociations se sont engagées mardi après-midi entre une délégation de grévistes, le syndicat et la direction. Elles auraient débouché sur un protocole d’accord prévoyant le retrait des licenciements, selon Unia. Quant à la hausse du temps de travail, elle aurait été suspendue à la faveur de discussions avec le canton visant à déterminer si Mecalp peut prétendre au fonds de soutien aux entreprises touchées par le franc fort.

Toujours en grève

Dans un communiqué diffusé mercredi, Unia regrette qu’Yves Bontaz, président du conseil d’administration et fondateur de Bontaz-Centre, ait refusé de ratifier le texte. “Comment ratifier un texte alors que rien n’a été signé”, s’exclame Merouane Belkoraichi. Le ton s’est durci. S’en est suivi un gel des discussions et une poursuite du mouvement de grève, toujours en cours selon le syndicat.

Dans ce contexte confus et tendu, les grévistes – une quarantaine sur 60 selon Unia, seulement dix d’après Mecalp – ont quitté le site. Et face au blocage des discussions, c’est la Chambre des relations collectives de travail qui a été saisie. Unia espère ainsi que l’organe de conciliation de l’Etat obligera la direction à entamer des négociations “sur la base du protocole d’accord”.

Mecalp étudie de son côté la possibilité “d’attaquer Unia en justice”, notamment pour le “battage médiatique” qui a suivi et les dégâts d’image que cela pourrait causer.

Pour rappel, une partie des employés de Mecalp sont en grève depuis mardi matin. Ils entendent protester contre certaines mesures “illégales” prises par l’entreprise active dans la sous-traitance automobile face au franc fort. Selon Unia, les salariés ont d’abord voulu organiser une pause d’avertissement à midi. Mais après que la direction a menacé de licencier tout le personnel, les équipes du matin, 20 personnes, se sont mises en grève, explique le syndicat.

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