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Coup de fusil accidentel: condamnés pour homicide par négligence

Le coupable a tiré en ignorant que le fusil d'assaut était chargé (image symbolique). KEYSTONE/MARTIN RUETSCHI sda-ats

(Keystone-ATS) Un jeune homme de 23 ans a été condamné vendredi à 18 mois de prison avec sursis par le Tribunal de police de Genève pour homicide par négligence. Il avait tué son ami d’enfance en lui tirant accidentellement dessus avec un fusil d’assaut.

La même infraction a été retenue contre le propriétaire de l’arme, qui écope de 360 jours-amende avec sursis. Le tireur a commis une lourde faute et a gravement violé les règles les plus élémentaires de la prudence, souligne le tribunal dans son jugement. A sa décharge, l’accusé a réellement pris conscience des conséquences dramatiques de ses actes et a exprimé des regrets sincères.

Le propriétaire du fusil, qui avait accroché son arme munitionnée au mur de sa chambre, dans l’appartement qu’il partageait avec d’autres colocataires, est pour sa part coupable de “graves manquements” qui ont directement conduit au drame, note le Tribunal de police de Genève.

Pour les juges, il existe d’autres moyens pour afficher sa fierté d’avoir accompli son service militaire. Le propriétaire du fusil d’assaut a créé une situation de risque en rendant son arme accessible à des jeunes gens. Le prévenu aurait pu prévoir le déroulement des événements.

Le représentant du Ministère public avait requis deux ans avec sursis pour le tireur. Il avait en revanche renoncé à demander une condamnation pour homicide par négligence à l’encontre du propriétaire de l’arme et n’avait retenu dans son réquisitoire qu’une violation du code pénal militaire.

De grands copains

Les faits remontent au 2 août 2015. La victime, qui vivait au Brésil au moment du drame, revient à Genève pour les vacances. Il y retrouve son ami d’enfance. Les deux garçons se rendent dans un appartement des Avenchets. Un des colocataires, en vacances ce jour-là, avait accroché son fusil d’assaut au-dessus de son lit.

L’accusé, qui a effectué récemment son école de recrues, prend l’arme et la montre à son ami. Il le vise, ignorant qu’elle est chargée. Un coup part et le jeune homme s’effondre, touché au thorax. Lors du procès, le prévenu a déclaré avoir profondément regretté d’avoir considéré le fusil “comme un jouet”.

Les deux prévenus ont été également condamnés à verser solidairement à chacun des parents de la victime 20’000 francs pour tort moral. Saskia Ditisheim, l’avocate de la mère et du père endeuillés, a annoncé qu’elle allait recourir sur ce point, considérant la somme insuffisante.

Eviter d’autres drames

Sur le reste du jugement, elle s’est déclarée satisfaite que le tribunal n’ait pas minimisé la gravité des faits. Robert Assaël, l’avocat du tireur, a indiqué que son client, qui est dévasté par ce drame, était soulagé de ne pas devoir aller en prison. Il souhaite aussi que cette affaire conduise à une prise de conscience.

“Vu l’attrait des jeunes pour les armes, j’espère que le Département de l’instruction publique (DIP) se mobilisera et fera de la prévention dans les écoles”. L’avocat compte aussi sur une réaction de l’armée, qui ne doit plus permettre aux soldats de garder leur fusil à la maison. Un avis partagé par Mme Ditisheim.

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