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Coupe du monde: l’Allemagne sacrée

(Keystone-ATS) L’Allemagne tient sa quatrième étoile! A Rio, elle est venue à bout 1-0 d’une insubmersible Argentine grâce à un geste de génie de Mario Götze à la 113e, pour remporter la Coupe du monde 2014.

Il y avait eu l’Espagnol Andres Iniesta à la 116e quatre ans plus tôt contre les Pays-Bas, il y a désormais Mario Götze. Le joueur de Bayern Munich, à la réception d’une fabuleuse percée rageuse sur le flanc gauche de Schürrle, a réalisé un enchaînement contrôle de la poitrine – volée digne des plus grands cadors. Sauvant ainsi, au passage, 200 millions de Brésiliens de l’affront suprême de voir l’ennemi juré triompher au Maracanã.

En plus du redoutable défi que lui a lancé le roc argentin, l’Allemagne a dû faire face à plusieurs difficultés, la plus importante d’entre toutes ayant été la blessure pendant l’échauffement de Sami Khedira (mollet), l’un des moteurs de sa montée en puissance au fil du tournoi. Pour arranger les choses, son remplaçant Christoph Kramer a dû sortir à la demi-heure, sonné par un choc. Joachim Löw a eu du travail…

Le dandy, tancé au pays pour son incapacité à faire gagner cette équipe qui séduit depuis 2006, a donc finalement obtenu une place à côté des Herberger (1954), Schön (1974) et Beckenbauer (1990), les sélectionneurs des trois premiers titres. Pas sûr que le coach, en dépit d’un contrat courant jusqu’en 2016, reste en poste après cet aboutissement.

Aboutissement également pour le capitaine Lahm, Schweinsteiger, Klose ou encore Podolski, déjà là au début de cette aventure en 2006 et qui abattaient la dernière carte de leur carrière au Mondial. Et énorme soulagement pour un pays habitué au succès mais dont la dernière campagne victorieuse remontait à l’Euro 1996. Il s’agit aussi d’une juste récompense pour une sélection qui a atteint au moins les demi-finales des cinq dernières phases finales (Euro et Coupe du monde) qu’elle a disputées!

Le récit de cette finale semblait avoir été écrit à l’avance. Une Allemagne dominatrice, maîtresse du cuir, et une Argentine extrêmement bien organisée, procédant surtout par contres: cousu de fil blanc. Mais tout sauf inintéressant!

Car la Mannschaft est plaisante à voir et l’Albiceleste n’a pas autant verrouillé que ce qu’elle avait fait en demi-finale contre les Pays-Bas, voire même en quart contre la Belgique. L’opposition de style a accouché d’une rencontre certes très disputée mais aussi agréable à suivre, avec d’un côté la vitesse d’un jeu allemand tourné vers l’avant et de l’autre la vitesse individuelle de rushs argentins décoiffants.

D’ailleurs, les hommes d’Alejandro Sabella ont été les premiers à se montrer dangereux, souvent sous l’impulsion de Lavezzi. La meilleure occasion a toutefois été le fruit d’une immense erreur de Kroos qui, de la tête, a parfaitement lancé Higuain seul face à Neuer. Mais il a manqué totalement son envoi (21e).

Sans cesse contrariés par un pied, une jambe ou une tête adverses, les Allemands ont mis du temps avant de véritablement donner des sueurs froides à Romero. Ils l’ont fait dans le temps additionnel de la première période, quand une tête de Höwedes a trouvé le poteau sur un corner de Kroos. Il faut dire que le bloc défensif de l’Albiceleste a longtemps paru avoir un coup d’avance sur tout le monde, comme s’il savait où allait le ballon une demi-seconde avant que cela ne se produise.

Cette capacité à couper les passes et à anticiper les trajectoires – une palme pour Mascherano et Demichelis – a posé de gigantesques problèmes à une Mannschaft condamnée, pour passer l’épaule, à ne réaliser que des gestes parfaits, ce qui n’a pas été le cas dans la zone de vérité. Un registre dans lequel aurait pu s’épanouir Mesut Özil si celui-ci avait enfin pu élever son niveau plutôt décevant durant le tournoi.

La délivrance aurait pu venir plus tôt, du pied de Schürrle, en bonne position dès les premiers instants de la prolongation mais qui a tiré sur Romero. Ou alors, pour l’Argentine, de Palacio, profitant d’une intervention manquée de Hummels pour tenter, sans réussite, un lob qu’il n’a pas cadré alors que Neuer était battu (97e).

Une fois de plus trop discret, Lionel Messi a peut-être bien laissé passer sa dernière occasion de toucher la coupe de toutes les convoitises. Eteint depuis de longues semaines, la Pulga, 27 ans, pourrait donc ne jamais être l’égal du Brésilien Pelé ou de Maradona, le dernier Argentin à avoir brandi le trophée, en 1986.

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