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Covid: commerce maritime mondial en recul de plus de 4% cette année

L'Est de l'Asie a été moins affectée par le recul du commerce maritime mondial (archives). KEYSTONE/AP CHINATOPIX sda-ats

(Keystone-ATS) Le commerce maritime mondial va reculer cette année de plus de 4% en raison du Covid-19, selon l’ONU. En cas de reprise de la production mondiale, il pourrait en revanche progresser en 2021. De nombreux marins sont toujours bloqués en mer en raison des restrictions.

Si de nouvelles vagues de la pandémie affectent la filière, la baisse du commerce maritime mondial pourrait encore être plus importante, a estimé jeudi à Genève la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).

Si la seconde vague et les confinements sont similaires à ceux observés pendant la première, les chiffres “seront réévalués”, probablement mi-décembre, a dit à la presse la directrice de la technologie au sein de l’agence onusienne, Shamika Sirimanne.

Mais les chiffres actuels sont déjà les pires depuis plus de dix ans. “Le commerce maritime n’était pas prêt pour cette pandémie, même s’il s’est adapté rapidement”, a expliqué Mme Sirimanne. Les volumes de fret ont été largement endommagés par l’impact du Covid-19 sur l’approvisionnement, le transport maritime et les ports.

Les pays en développement alimentent au total 58% des chargements et environ deux tiers des déchargements de marchandises. Et parmi eux, plus de trois quarts de ces volumes viennent d’Asie. Toutes les régions ont été affectées mais l’Est asiatique s’en sort mieux, grâce notamment à la Chine.

Les prévisions à plus long terme sont incertaines, insiste la CNUCED. Pour autant, “le transport maritime sera à la pointe des efforts en vue d’une reprise durable”, estime le secrétaire général Mukhisa Kituyi. Selon Mme Sirimanne, il a permis aux citoyens de pouvoir continuer à acheter de la nourriture et certains produits pendant la crise.

Reprise de 4,8% en 2021

En cas de reprise la production mondiale, le commerce maritime pourrait toutefois progresser de 4,8% en 2021. Mais la branche et les chaînes d’approvisionnement vont devoir se réformer pour anticiper les changements après la pandémie.

Pendant la crise, les opérateurs de porte-conteneurs ont minimisé les coûts. Les taux de fret ont été stables malgré une baisse de la demande, mais les livraisons ont été retardées. Des ajustements ont été lancés par les acteurs sur le dispositif, les finances ou encore les protocoles sanitaires et sécuritaires. Plusieurs gouvernements ont aussi lancé des réformes pour faciliter les volumes.

Le Covid-19 a notamment posé des questions en termes de délocalisations et de diversification de sites de production. Autre indication, le virus a dévoilé à quel point les acteurs n’étaient pas préparés, ajoute la CNUCED, qui appelle à investir.

Centaines de milliers de marins bloqués

“La pandémie ne doit pas faire passer au second plan les mesures de lutte contre le changement climatique dans le transport maritime”, affirme cependant Mme Sirimanne. Les efforts devront être maintenus, de même que la numérisation de formulaires et de paiements.

Autre problème: plus de 300’000 marins ont été bloqués en mer pendant des mois après la fin de leur contrat en raison du Covid-19. La situation n’est pas réglée et les chiffres augmentent même, selon la CNUCED, qui réitère son appel pour qu’ils soient considérés comme travailleurs cruciaux pendant la pandémie et exemptés de restrictions.

L’année dernière a également été difficile pour le transport maritime, notamment en raison des tensions entre les Etats-Unis et la Chine. Celles-ci ont provoqué au total une réduction du volume de 0,5%. Selon les estimations d’il y a quelques mois, 20% du commerce mondial de produits intermédiaires fabriqués est venu de Chine.

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