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Credit Suisse n’a pas besoin de lever de nouveaux capitaux

Pour le patron de Credit Suisse, Tidjane Thiam, le nouveau modèle doit encore faire ses preuves (archives). KEYSTONE/ENNIO LEANZA sda-ats

(Keystone-ATS) Credit Suisse n’a pas besoin de lever de nouveaux capitaux, estime le patron du numéro deux bancaire helvétique. Dans un entretien accordé à l’agence Bloomberg, Tidjane Thiam défend son nouveau modèle d’affaires.

“Je suis un homme prudent, je ne dirai donc jamais que nous n’avons pas besoin d’augmenter le capital”, nuance mardi Tidjane Thiam sur le site de Bloomberg. “Je dirai, dans la plupart des scénarios prévisibles, nous n’avons pas besoin d’augmenter le capital”, poursuit-il.

Le Franco-Ivoirien, ancien patron de l’assureur britannique Prudential, a repris les rênes de Credit Suisse en juillet 2015. En octobre dernier, l’établissement a entamé une vaste restructuration, avec pour objectif de réduire la banque d’affaires au profit de la gestion de fortune.

Diminution des risques

Entre une perte abyssale en 2015 et la bonne surprise du second trimestre 2016, les médias ne cessent de scruter Tidjane Thiam. Depuis son entrée en fonctions, la banque a perdu plus de la moitié de sa valeur boursière. “Les raisons en sont nombreuses”, dit le grand patron.

Mais il se félicite des progrès réalisés sur le front des risques. Entre fin décembre et fin mars, les positions à risque ont diminué d’un bon tiers. Au troisième trimestre 2015, la VaR (“value at risk” ou valeur à risque) de Credit Suisse était presque le double de celle d’une banque moyenne européenne – avec, simultanément, une capitalisation inférieure.

La priorité absolue était par conséquent d’étoffer le capital, pour se donner ainsi une chance de survie, déclare Tidjane Thiam. Ensuite, réfléchir à l’avenir et évaluer les risques. Mais les conditions de marché au cours des douze derniers mois n’ont pas été favorables.

Gain de productivité

La restructuration va coûter 6000 emplois. Tidjane Thiam croit en sa stratégie et continuera de miser sur la réduction des coûts. “Ma véritable philosophie en matière de coûts est le gain de productivité”, dit-il, persuadé que toute organisation doit accroître sa productivité de 2 à 3% par an.

Concernant une éventuelle consolidation du secteur bancaire européen, le dirigeant estime qu’un tel processus “serait très difficile dans le nouvel environnement. Car “Too big to fail” reste un des gros titres dans les médias. “Si telle est la devise, comment créer des institutions plus grandes?” s’interroge M. Thiam.

Pour Credit Suisse, il perçoit bien assez de potentiels de croissance sans acquisitions. “Nous voyons des chances partout”. En Asie notamment, mais aussi en Europe et aux Etats-Unis.

Correction

Certes, l’évolution du cours de l’action n’a pas de quoi le réjouir. “Je suis fermement convaincu qu’il y aura une correction, car le prix de l’action ne reflète absolument pas la valeur de notre entreprise”, martèle M. Thiam.

Difficile à estimer quand la pression se relâchera. “Nous devons travailler dur pour convaincre les marchés que nous avons un nouveau modèle”. Je crois que c’est le bon modèle, mais nous devons faire nos preuves”, assure le directeur général.

Au cours des 25 derniers trimestres, Credit Suisse n’a atteint ou dépassé les attentes du marché que six fois. La banque les a déçues dans 75% des cas. Parmi ses paires, les proportions sont inverses. “Sans la crédibilité nécessaire, le prix de l’action restera sous pression”, reconnaît Tidjane Thiam.

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