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Credit Suisse relance le débat sur la pertinence du PIB

Credit Suisse est en faveur d'indicateurs alternatifs au produit intérieur brut (PIB) pour mesurer le progrès économique. KEYSTONE/GAETAN BALLY sda-ats

(Keystone-ATS) La pertinence du produit intérieur brut (PIB) pour mesurer le progrès économique fait à nouveau débat dans un monde de plus en plus interconnecté. Pour Credit Suisse, il faut promouvoir des indicateurs alternatifs qui reflètent mieux la croissance et ses impacts.

Le PIB reste la référence pour guider les grandes décisions à long terme aux niveaux national et régional, constate Credit Suisse dans une étude publiée jeudi. Pourtant, les lacunes de cet indicateur font l’objet de critiques depuis son introduction déjà, au milieu des années 1930.

Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la Suisse enregistre la plus faible croissance – corrigée des prix – parmi les pays industrialisés au cours des 50 dernières années. C’est ce paradoxe d’une progression relativement faible et d’un niveau de vie pourtant élevé qui a remis en question l’utilité des données du PIB.

Il existe aussi un “biais” dans les médias, qui accordent bien plus d’intérêt aux prévisions concernant le produit intérieur qu’à la dette. Si le PIB semble aujourd’hui incontournable, cela ne signifie pas qu’il n’existe pas des approches meilleures ou alternatives pour mesurer la croissance économique et le bien-être social, estiment les experts de Credit Suisse.

Données fiables

“L’établissement du PIB comme indicateur de progrès par les décideurs tant privés que publics a conduit à négliger plusieurs effets secondaires de la croissance”, estime Urs Rohner, président du conseil d’administration de la banque, cité dans un communiqué.

Difficile à l’ère numérique de mesurer par exemple la productivité de secteurs entiers, faute de données fiables, comme dans les services financiers, la recherche et le développement. Idem pour les technologies ou l’économie du partage qui jouent un rôle croissant.

Le calcul conventionnel du PIB – au sens de l’OCDE, la somme des dépenses en biens et services finaux moins les importations – néglige aussi d’autres aspects clés. C’est le cas de la contribution des femmes à l’économie, faute de données de qualité en fonction du genre.

Intruments complémentaires

Les marchés financiers, eux, font fi du PIB. Parmi les investisseurs, rares sont ceux qui basent leurs décisions sur cet indicateur. En revanche, la demande en données environnementales, sociales et de gouvernance augmente fortement de ce côté.

Reste à s’accorder sur une alternative acceptable pour pallier les défauts du PIB, sans laisser le “mieux” devenir l’ennemi du “bien”. Les instruments complémentaires ne manquent pas, qui permettent une juste évaluation des actions et de leur impact sur la société et l’environnement.

Des organisations telles que la Banque mondiale tiennent par exemple déjà compte d’indicateurs autres que le PIB pour évaluer la qualité de vie. C’est le cas notamment de l’espérance de vie à la naissance ou encore de l’accès à l’éducation.

La question du revenu national brut (RNB) a lui aussi gagné en importance. Le RNB partage quelques traits fondamentaux avec le PIB, mais “est plus pertinent à l’ère de la mondialisation car il tient compte des revenus générés par les sociétés et résidents étrangers”.

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