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Cristina Kirchner face à la rue un mois après la mort de M. Nisman

(Keystone-ATS) Plus de 400’000 manifestants, selon la police de Buenos Aires, ont défié sous la pluie la présidente argentine Cristina Kirchner lors d’une marche silencieuse un mois après la mort du procureur Alberto Nisman. Ce dernier accusait Mme Kirchner d’entrave dans l’enquête sur un attentat antijuif en 1994.

Massée sous des parapluies, la foule, principalement des couples et des personnes âgées issues des classes moyennes et aisées, a répondu à l’appel de six procureurs qui avaient convoqué cette marche entre le Congrès et la Place de Mai, siège de la présidence, derrière la banderole “Hommage au procureur Alberto Nisman”.

Parmi les marcheurs, qui ont commencé à se disperser vers 00h30 (heure suisse), se trouvaient l’ex-femme du procureur, la juge Sandra Arroyo Salgado, ainsi que leurs deux filles de quinze et sept ans. En revanche, la présence annoncée de plusieurs prétendants de l’opposition à la présidentielle du 25 octobre a été impossible à vérifier en raison du mauvais temps.

“Je suis ici pour réclamer justice pour ce pauvre homme qui a donné sa vie pour la vérité”, a confié à l’AFP Marta Canepa, une enseignante de 65 ans. “Tout le pays demande justice. Nous sommes fatigués de ce gouvernement, de cette corruption”, a renchéri Laura Gismondi, retraitée de 75 ans.

Le gouvernement a lui qualifié de “putschiste” la mobilisation et assuré que les accusations du procureur Nisman avaient pour but d’impliquer le pays dans le conflit au Moyen-Orient. “Je vous demande de bien ouvrir les yeux. Je ne parle pas de conspiration, (mais) il s’agit d’un monde d’intérêts” géopolitiques, a déclaré Mme Kirchner à la télévision avant la manifestation.

Attentat de l’AMIA

L’attentat à la voiture piégée en juillet 1994 contre les locaux de la mutuelle juive de l’AMIA à Buenos Aires, qui a fait 85 morts et 300 blessés, est à l’origine de cette affaire politico-judiciaire. En charge du dossier depuis 2004, le procureur Nisman, présenté comme proche des Etats-Unis et d’Israël, a rapidement accusé l’Iran d’être le commanditaire de l’attentat.

Peu avant la découverte de son corps le 18 janvier dans la salle de bain de son appartement verrouillé de l’intérieur, une balle dans la tête et une arme à portée de la main, il avait accusé la présidente Kirchner et le ministre des Affaires étrangères Hector Timerman d’entrave à l’enquête.

Il leur reprochait d’avoir couvert les suspects iraniens en échange de contrats commerciaux. Le lendemain de sa mort, il devait présenter les preuves de ses affirmations devant le Congrès.

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