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Croissance du marché mondial de la pharma en 2016 partie pour durer

Le directeur général de l'IFPMA Thomas Cueni est optimiste pour l'industrie pharmaceutique. KEYSTONE/THOMAS DELLEY sda-ats

(Keystone-ATS) Le marché mondial pharmaceutique s’est étoffé en 2016 et devrait augmenter encore. D’ici 5 à 10 ans, le nouveau chef de la faîtière internationale Thomas Cueni veut que des millions de personnes supplémentaires des pays en développement aient accès aux médicaments.

Le marché est en croissance en raison des avancées scientifiques et du vieillissement de la population, souligne dans un entretien à l’ats le nouveau directeur de la Fédération internationale de l’industrie pharmaceutique (IFPMA). Cette industrie est “protégée” des mouvements conjoncturels des autres secteurs, ajoute celui qui est entré en fonctions début février après environ 28 ans à la tête de la faîtière suisse Interpharma.

Selon les estimations dévoilées récemment par un institut américain, le chiffre d’affaires mondial de la pharma a atteint 1105 milliards de dollars (environ 1110 milliards de francs) en 2016. Il devrait s’approcher des 1500 milliards d’ici 2021. Plus de 2000 nouveaux médicaments sont attendus, dont entre 40 et 60 arrivent sur le marché chaque année, et les génériques, en hausse, resteront inférieurs à 50% des ventes.

Les Etats-Unis, où le secteur devrait s’étendre deux fois moins rapidement qu’actuellement, totalisent plus d’un tiers du marché, devant le Japon. Selon M. Cueni, l’Asie, notamment la Chine, devrait prendre davantage d’importance.

Malgré la situation économique difficile en Europe, il souhaite que ce continent reste “attractif”. En Afrique, il mentionne un potentiel de croissance “à moyen et long terme”.

Appel à la collaboration

“Je suis très optimiste” pour le secteur, dit M. Cueni. Tous les dix ans, les individus vivent en moyenne deux à trois ans supplémentaires. Au moins la moitié de cette avancée “est due à la recherche pharmaceutique”, ajoute le Bâlois.

Face au défi de l’accès aux médicaments pour tous, “nous avons besoin de nouvelles solutions pour les pays en développement”. Elles passent par davantage de coopération entre secteurs public et privé et acteurs scientifiques. Les partenariats fonctionnent bien par exemple face à des épidémies de grippe, Ebola ou Zika.

L’IFPMA abrite une initiative lancée récemment par plus de 20 entreprises, dont Roche et Novartis, qui se sont récemment alliées à des institutions internationales contre les maladies non transmissibles. D’autres devraient les rejoindre. Elles vont notamment soutenir des mesures pour la réforme des systèmes de santé.

Pas de paradoxe selon lui entre les intérêts de l’industrie et des améliorations de la santé. La pharma “fait partie de la solution” et souhaite des systèmes de santé durables sans explosion des coûts.

“Prix différenciés”

Des entreprises sont prêtes à des tarifs plus bas dans les pays en développement et même à vendre sans profit des médicaments, par exemple contre la malaria. M. Cueni croit en revanche dans le modèle d’affaires de recherche concurrentielle dans cette industrie. “Sans brevet, pas d’innovation”, dit-il.

Il admet que les Suisses doivent être prêts à payer plus cher leurs médicaments que les ressortissants de pays moins riches. Il faut aussi des “prix différenciés” à l’intérieur de certains pays en développement, à condition que les médicaments ne soient pas détournés pour être revendus plus chers.

L’industrie a soutenu notamment les concessions sur les brevets dans les pays les moins avancés (PMA) accordées dans l’accord TRIPS à l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

2 millions d’employés

Selon le directeur de l’IFPMA, les investissements, actuellement à 80% sur les maladies chroniques, vont se concentrer dans les prochaines années sur les pathologies liées au vieillissement, devant les cancers et les maladies orphelines. Certains cancers “deviendront une maladie chronique”.

Au moins la moitié des molécules fabriquées par de grands groupes sont achetées par des petites sociétés. “La pharma a beaucoup changé ces 25 dernières années et changera beaucoup pendant les 25 prochaines”. La numérisation modifie cette industrie autour de centres globaux et l’arrivée de nouveaux acteurs.

Comme toujours dans la pharma, des entreprises seront lancées et d’autres “vont disparaître”, dit M. Cueni. L’IFPMA rassemble 31 entreprises et environ deux millions d’employés dans le monde.

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