Cyberguerre: “Nous sommes les meilleurs”, plastronne Ueli Maurer

(Keystone-ATS) Berne – La Suisse n’a guère à craindre d’une cyberattaque, à entendre son ministre de la défense. “Les systèmes informatiques de l’armée suisse sont de loin les mieux protégés du monde”, claironne Ueli Maurer. Un optimisme largement nuancé par divers experts.
“Nous avons commencé très tôt à nous en préoccuper”, répond le conseiller fédéral dans une interview mercredi au “Matin” qui lui demandait si l’armée pouvait défendre la Suisse contre une attaque informatique. “Dans les semaines à venir”, Ueli Maurer soumettra d’ailleurs au gouvernement un plan d’action pour faire partager avec l’administration ou encore les hautes écoles le savoir-faire de l’armée dans la cyberdéfense.
Cet optimisme tranche avec les critiques et réserves exprimées ces derniers mois par certains parlementaires ou experts.
“Nous manquons totalement de stratégie sur le thème de la cyberguerre en Suisse”, déplorait alors dans un entretien avec l’ATS le conseiller national Geri Müller (Verts/AG), membre de la commission de politique de sécurité.
Le Centre d’études sur la sécurité de l’EPFZ (CSS) fait lui aussi part de ses réserves dans une publication d’avril dernier. “L’armée suisse n’est pas en mesure aujourd’hui, selon ses propres dires, de détecter un piratage professionnel contre sa propre infrastructure et de déclencher ensuite une réaction adéquate dans les temps”, affirme le CSS. Et de préciser que l’attaque massive contre le DFAE en octobre 2009 a illustré combien les services ministériels étaient vulnérables aux cyberattaques.
La guerre sur internet est pourtant la “menace actuellement la plus dangereuse”, selon les propres termes du chef de l’armée André Blattmann. D’après lui, l’armée de milice est à même d’y faire front, car les soldats suisses qui se sont très bien formés dans leur vie professionnelle seraient en réalité bien plus aptes pour ces tâches que les soldats de carrière, déclarait le commandant de corps dans une interview le mois dernier.