Des perspectives suisses en 10 langues

Début du procès d’Ahed Tamimi, icône palestinienne jugée par Israël

Ahed Tamimi devait répondre de son comportement mardi devant la justice militaire israélienne KEYSTONE/AP/ARIEL SCHALIT sda-ats

(Keystone-ATS) Le procès d’Ahed Tamimi, adolescente de 17 ans devenue pour les Palestiniens une icône de la lutte contre Israël, s’est ouvert mardi à huis clos devant un tribunal militaire israélien. Elle avait été arrêtée après une vidéo la montrant frapper des soldats de Tsahal.

Cette vidéo était devenue virale. La scène avait pour cadre Nabi Saleh, en Cisjordanie occupée, le village de l’adolescente. Les soldats israéliens demeuraient impassibles face à ce qui semblait relever davantage de la provocation que de la volonté de faire mal.

La mère d’Ahed Tamimi, Narimane, et sa cousine Nour apparaissent également dans cette vidéo et devaient, elles aussi, être jugées mardi. Mais seule Ahed Tamimi était présente devant le tribunal militaire d’Ofer, en Cisjordanie occupée. Elle est arrivée en blouson de prisonnière, entraves aux poignets et aux chevilles. Son père lui a lancé “Sois forte, c’est toit qui vas gagner”.

Huis clos décrié

Dès le début de l’audience dans une salle bondée, le juge a ordonné le départ des journalistes mais aussi des diplomates présents, autorisant seulement la famille de l’accusée à rester. “Un débat public n’est pas dans l’intérêt de la jeune fille”, a dit le juge.

“Ce que je crois, moi, c’est que le tribunal pense qu’il n’est pas bon pour lui que vous soyez tous à l’intérieur”, s’est indignée l’avocate d’Ahed Tamimi, Gaby Lasky, à l’extérieur du tribunal devant les journalistes, peu après leur évacuation.

“Ils comprennent que les gens, dehors, s’intéressent à Ahed et à son affaire, ils comprennent qu’on enfreint ses droits et qu’elle ne devrait jamais être jugée, et le huis clos est le meilleur moyen que tout cela se passe loin des regards”, a-t-elle ajouté.

Occupation israélienne

Au cours des débats, l’avocat d’Ahed Tamimi a indiqué qu’elle plaiderait que c’est avant tout l’occupation par l’armée israélienne de la Cisjordanie qui est illégale. Mais les débats ont été ajournés au bout de deux heures jusqu’au 11 mars prochain, le temps pour l’accusation de préparer sa réponse, a indiqué l’avocate.

La justice militaire israélienne poursuit Ahed Tamimi sous douze chefs d’inculpation, non seulement pour les agissements du 15 décembre dernier, mais également pour des faits antérieurs présumés, comme des jets de pierres contre les soldats, des menaces ou sa participation à des “émeutes”.

Les organisations de défense des droits humains, le bureau du Haut Commissaire de l’ONU pour les droits de l’Homme et l’Union européenne ont exprimé leur préoccupation devant le cas Tamimi.

Amnesty International a réclamé de son côté la libération immédiate d’Ahed Tamimi, qui “ne posait aucun danger” pour deux soldats lourdement armés et dont la détention prolongée vise, selon l’ONG, à “intimider” les enfants palestiniens. Environ 350 enfants palestiniens sont détenus par Israël, selon Amnesty International.

La vidéo en question avait été tournée mi-décembre devant la maison des Tamimi, dans le contexte des protestations palestiniennes alors quasi quotidiennes contre la décision du président américain Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d’Israël.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision