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Décès de Jacques Sauvageot, l’une des figures de Mai 68

Pour Jacques Sauvageot, Mai 68 était un véritable "mythe fondateur", à la source des "radios libres comme du féminisme, de l'émergence de la société civile comme de la critique du socialisme réel" (archives). Keystone/EPA/PREFECTURE DE POLICE MUSEUM sda-ats

(Keystone-ATS) Jacques Sauvageot, figure du mouvement étudiant de Mai 68, est décédé samedi à l’âge de 74 ans, a annoncé dimanche l’Institut tribune socialiste (ITS) dont il était le secrétaire général. Son décès a été confirmé au journal Le Monde par sa famille.

Né à Dijon le 16 avril 1943, Jacques Sauvageot était vice-président du syndicat étudiant Unef lors de Mai 68. Il a été l’un des porte-parole du mouvement étudiant qui a ébranlé le pouvoir gaulliste, aux côtés de Daniel Cohn-Bendit et Alain Geismar.

Il est mort “des suites d’un accident de la circulation intervenu le mois dernier; il était depuis lors hospitalisé, sans connaissance”, a précisé l’ITS.

Issu d’une famille paysanne et catholique, petit-fils d’un maréchal-ferrant et fils d’un cheminot, M. Sauvageot était licencié en lettres et en histoire. Il était le plus mystérieux et le plus discret des trois leaders de Mai 68, refusant longtemps, dans les années qui suivirent, qu’on le filme ou qu’on l’interviewe.

Un “mythe fondateur”

Devenu directeur régional de l’école des Beaux-Arts de Rennes, il avait toutefois rompu le silence dans les années 90: Mai 68 est un véritable “mythe fondateur”, à la source des “radios libres comme du féminisme, de l’émergence de la société civile comme de la critique du socialisme réel”, déclarait-il en mai 1993 dans un entretien à l’AFP.

Jugeant alors que “le pouvoir n’a jamais été à prendre” et que les événements n’avaient pas été si violents en 1968, il gardait comme meilleur souvenir le meeting au stade Charléty de Paris, le 27 mai: “on avait l’impression d’une rivière qui se gonflait de dizaines de petits torrents, de petits ruisseaux” avec les ouvriers grévistes, les étudiants, les militants révolutionnaires et les politiciens de gauche chevronnés, tous unis dans le même enthousiasme.

Il confiait également n’éprouver aucune nostalgie pour “le joli mois de mai” et n’avoir “jamais revu” ses deux célèbres compagnons de route.

Le Parti socialiste a salué sur Twitter la mémoire d'”une voix singulière du mouvement social” et de la “figure la plus réformiste de ‘Mai'”. La députée La France insoumise Clémentine Autain a pour sa part fait part de son “émotion”.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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