Des perspectives suisses en 10 langues

Décès de l’auteur de “Qui a peur de Virginia Woolf?”

Considéré comme l'un des plus grands dramaturges américains de son époque, Edward Albee a reçu à trois reprises le prix Pulitzer pour "Délicate balance" (1967), "Seascape" (1975) et "Trois grandes femmes" (1994) (archives). KEYSTONE/AP/MARY ALTAFFER sda-ats

(Keystone-ATS) Le dramaturge américain Edward Albee, auteur de la célèbre pièce “Qui a peur de Virginia Woolf?”, est décédé vendredi chez lui à Montauk, dans l’Etat de New York, selon les médias américains. Il était âgé de 88 ans.

Considéré comme l’un des plus grands dramaturges américains de son époque, Edward Albee est décédé après une courte maladie, a indiqué son assistant, Jakob Holder, dans un communiqué.

Il avait été lauréat à trois reprises du célèbre prix Pulitzer pour “A Delicate Balance” (“Délicate balance”) (1967) – adapté au cinéma en 1973 avec Katherine Hepburn et Paul Schofield – , “Seascape” (1975) et “Three Tall Women” (“Trois grandes femmes”) (1994).

Sa célèbre pièce “Who’s Afraid of Virginia Woolf?” (“Qui a peur de Virginia Woolf?”) (1962) avait été sélectionnée pour ce prestigieux prix littéraire mais ne l’avait pas décroché. Sous ce titre énigmatique se cache un jeu de massacre, une scène de ménage de légende, incarnée à l’écran en 1966 par le couple Elizabeth Taylor/Richard Burton.

La pièce, qui avait été jouée quinze mois d’affilée à Broadway lors de sa création et avait valu à Elizabeth Taylor un Oscar dans son adaptation au cinéma par Mike Nichols, est à la fois une peinture au vitriol de la société américaine et de ses sacro-saintes valeurs de réussite, et une plongée dans l’enfer conjugal. Deux couples s’y déchirent dans un décor minimaliste: un canapé de cuir, un escalier dont on devine qu’il monte aux chambres.

Scolarité chaotique

Edward Albee avait débuté sa carrière théâtrale à 30 ans, en écrivant “The Zoo Story” (1958). Cette pièce, qui confronte deux personnages, un cadre et un jeune marginal, a été montée pour la première fois à Berlin en 1959 avant d’être présentée à Broadway l’année suivante.

Né sous le nom d’Edward Harvey le 12 mars 1928, en Virginie selon certaines sources, à Washington selon d’autres, il est tout de suite adopté par Reed et Frances Albee, un couple propriétaire de plusieurs salles de spectacle et de cinéma. Edward Albee, qui entretenait des relations ombrageuses avec ses parents adoptifs, a connu une scolarité chaotique, ce qui lui a valu d’être exclu de plusieurs établissements scolaires.

Edward Albee a un jour déclaré dans une revue avoir décidé à l’âge de six ans de devenir écrivain et s’être ensuite consacré au théâtre après avoir conclu qu’il n’était ni un bon poète ni un bon romancier.

A ses yeux, un dramaturge est “quelqu’un qui laisse ses tripes pendre sur scène” et ses oeuvres, empreintes d’une profonde colère, lui ont permis de travailler des thèmes comme l’aliénation, le ressentiment et les côtés obscurs de la société américaine des années 1950.

Nombreuses récompenses

Il emménage dans les années 50 dans le quartier bohème de Greenwich Village à New York, où il fréquente les milieux artistiques d’avant-garde. C’est là qu’il écrit sa première pièce, “The Zoo Story”.

Propriétaire d’une grange aménagée à Montauk, près de Long Island dans l’Etat de New York, Edward Albee a fondé en 1967 la “Edward F. Albee Foundation”, un lieu de résidence pour artistes et écrivains.

Il a reçu au cours de carrière de nombreuses récompenses, dont la Médaille nationale des arts. En 2005, il a été honoré d’un Tony Award spécial, célèbre récompense théâtrale américaine. Selon le Centre John Kennedy pour les Arts et le spectacle, Edward Albee était “le digne successeur d’Arthur Miller, Tennessee Williams et Eugene O’Neill”.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision