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Décès de l’idole de la chanson soviétique Iossif Kobzon

En octobre 2014, Iosif Kobzon (à droite) avait accueilli sur scène le leader rebelle pro-russe d'Ukraine Alexander Zakharchenko lors d'un concert à Donetsk (archives). KEYSTONE/AP/DMITRY LOVETSKY sda-ats

(Keystone-ATS) Le chanteur et homme politique russe Iossif Kobzon est décédé jeudi à l’âge de 80 ans, ont rapporté les agences de presse russes. Surnommé le “Sinatra russe”, il était une des idoles de la chanson à l’époque soviétique.

Iossif Kobzon a commencé sa carrière en 1959 et s’est produit sur scène pendant plus de 50 ans. Il a enregistré plus de 1500 titres. Il détenait aussi le record mondial de douze concerts en une seule journée et était resté une fois sur scène plus de treize heures d’affilée.

Le baryton, aux cheveux restés d’un noir ébène malgré l’âge, s’est distingué notamment par son interprétation émouvante des chansons patriotiques. Il était aussi connu des Russes pour animer le traditionnel spectacle de fin d’année à la télévision russe.

Vedette incontournable des concerts officiels donnés à l’occasion des grandes fêtes nationales, il a aussi chanté dans les années 1980 devant les soldats soviétiques en Afghanistan ou plus récemment devant les militaires russes à la base aérienne de Hmeimim en Syrie en février 2016.

Fidèle de Poutine

Né en 1937 dans une famille juive à Donetsk, en Ukraine, Iossif Kobzon a commencé sa carrière à 10 ans en remportant un concours de chant sous les yeux attentifs de Staline. Vénéré par des générations de Russes, le chanteur était aussi député à la Douma (chambre basse du Parlement russe) pour le parti Russie Unie de Vladimir Poutine. Le président a d’ailleurs envoyé un message de condoléances à sa famille.

Le chanteur a toutefois été interdit d’entrée dans plusieurs pays occidentaux, notamment depuis 1995 aux Etats-Unis. Il était soupçonné, selon ses propres termes, de trafic de drogue et d’armes, de posséder “des casinos et des bordels”, et “de contrôler la moitié de Moscou”.

Le “Sinatra russe” était également sous le coup de sanctions européennes (interdiction d’entrée dans l’UE et gel des avoirs) pour le soutien qu’il affichait résolument aux séparatistes prorusses qui combattent depuis 2014 les forces de Kiev dans l’est de l’Ukraine. Il figure aussi sur la liste suisse des personnes visées par des “mesures visant à empêcher le contournement de sanctions internationales en lien avec la situation en Ukraine”.

Au firmament

Nommé “consul honoraire” de la “République populaire de Donetsk” autoproclamée, où une statue à son effigie a été érigée, Iossif Kobzon s’est illustré en chantant fin 2014 un duo avec son dirigeant, Alexandre Zakhartchenko.

S’il a disparu du firmament de la chanson russe, Iossif Kobzon continue néanmoins de briller dans le ciel: depuis 1979, son nom a été donné à une étoile, par un scientifique de Crimée, péninsule déchirée comme lui entre l’Ukraine et la Russie.

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