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Décès du photographe américain David Douglas Duncan

C'est David Douglas Duncan qui a pris cette célèbre photo de Picasso, hilare, dans son bain, ici projetée lors de la Nuit des Images du Musee de l'Elysee en 2016 (archives). KEYSTONE/LAURENT GILLIERON sda-ats

(Keystone-ATS) Le photographe américain David Douglas Duncan est décédé à l’âge de 102 ans dans un hôpital de la Côte d’Azur française, a indiqué vendredi le musée Picasso d’Antibes. Célèbre pour ses clichés de la guerre de Corée, il était ami intime de Picasso.

L’artiste vivait sur la Côte d’Azur depuis les années 1960. Il “est mort des suites d’une pneumopathie, entouré de ses proches”, a indiqué le directeur du musée d’Antibes Jean-Louis Andral, confirmant une information du quotidien local Nice-Matin.

“Il avait rencontré Picasso en 1956 et ils sont restés très amis jusqu’à son décès en 1973, puis par la suite avec sa veuve Jacqueline et sa fille Catherine”, a-t-il ajouté.

La photo de Picasso, hilare, dans son bain, c’est lui. Tout comme celle d’un soldat américain, le visage abîmé et le regard dans le vide, devant une boîte de conserve. Un cliché pris le 9 décembre 1950, en pleine guerre de Corée qui a bâti la réputation du photographe de guerre qu’on surnommait “DDD”.

Révolté contre la guerre

Né dans le Kansas en 1916, David Douglas Duncan se met à la photo à 18 ans, après avoir reçu un appareil en cadeau de sa soeur. Ses débuts sont fracassants: en immortalisant l’incendie d’un hôtel à Tucson (Arizona), il saisit sans le savoir le braqueur John Dillinger – alors le criminel le plus recherché d’Amérique – tentant d’extirper des flammes un attaché-case.

Après cela, “j’ai eu un prix et j’ai décidé de faire carrière en explorant le vaste monde”, raconte celui qui va par la suite barouder à travers la planète (Iran, URSS, Inde, Vietnam, Turquie…)

Mobilisé à partir de 1942 pendant la Seconde Guerre mondiale, David Douglas Ducan a fait des militaires le sujet de son travail. Dans la préface de son livre intitulé “This is war!” (C’est la guerre!) et publié en 1951, il écrivait: “Pas d’apothéose dans ce livre, ni de conclusion fracassante. Juste le désir de montrer un peu ce qu’un homme doit subir quand son pays décide d’entrer en guerre”.

Jusqu’à sa mort, il est resté marqué par ce reportage en pleine guerre de Corée (1950-53) et animé d’une révolte intacte contre la tragédie des conflits. Celle-ci se retrouve dans plusieurs de ses livres photos, comme “I Protest” (Je proteste) et “War Without Heroes” (La guerre sans héros) sur la guerre du Vietnam.

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