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Déclin massif de la plus grande colonie au monde de manchots royaux

Le manchot royal est un petit peu plus petit que le manchot empereur (archives). KEYSTONE/AP, BRITISH ANTARCTIC SURVEY/STR sda-ats

(Keystone-ATS) La colonie de manchots royaux située sur l’île aux Cochons, dans l’archipel subantarctique de Crozet, considérée comme la plus grande au monde, a fondu de 88% en 35 ans, estiment des chercheurs. Leur enquête s’appuie sur des images prises par satellite.

Entre le début des années 1980 et aujourd’hui, la colonie est passée d’environ 500’000 couples reproducteurs à 60’000 couples, selon cette étude publiée dans Antartic Science. Dans la mesure où l’on estime qu’un couple reproducteur représente quatre individus (le couple et deux jeunes), cela signifie qu’il resterait environ 240’000 manchots royaux sur l’île.

“C’est une réduction énorme”, a déclaré vendredi Henri Weimerskirch, chercheur du CNRS et premier auteur de l’étude parue cette semaine. “Les causes de la disparition de ces manchots pourraient être environnementales, mais le mystère reste entier”, souligne le CNRS.

Connue depuis les années 1960, cette colonie se trouve dans la réserve naturelle des Terres australes françaises (TAAF). Dans les années 1980, elle était considérée comme la plus grande colonie de manchots royaux au monde. Mais en raison de son isolement et de son inaccessibilité, il n’y avait pas eu d’évaluation récente de cette colonie depuis des décennies.

El Niño pointé

Les chercheurs du centre d’études biologiques de Chizé ont utilisé des images haute résolution prises par satellite pour mesurer les changements de taille de la colonie depuis la dernière visite de l’île par une équipe scientifique en 1982.

Les résultats indiquent que le déclin a débuté à la fin des années 1990. “L’élément déclenchant” a été sans doute un épisode climatique majeur dans l’océan Austral lié au phénomène El Niño en 1997. Celui-ci aurait affecté temporairement les capacités de recherche de nourriture des manchots royaux, comme cela a été observé sur une colonie dans une autre île de l’archipel de Crozet et aux Kerguelen.

“Mais ces colonies se sont ensuite stabilisées (…) alors que celle de l’île aux Cochons a continué à décliner”, relève le scientifique. “C’est étonnant. Il s’est passé quelque chose en plus sur cette île. Il faudrait aller sur place pour comprendre”, ajoute-t-il.

“Jusqu’à cette étude, dans tout l’océan austral, la population de manchots royaux était estimée à 1,5 million de couples reproducteurs”. Cette mauvaise nouvelle “signifie que l’on a perdu un tiers de la population globale de manchots royaux”, souligne le chercheur.

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