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Déplacement des réfugiés rohingyas sur une île reporté

La Première ministre Sheikh Hasina devait officiellement inaugurer mercredi 3 octobre des constructions neuves sur l'île alluviale de Bhashan Char (archives). KEYSTONE/AP/A.M. AHAD sda-ats

(Keystone-ATS) Le Bangladesh a reporté le début du déplacement de réfugiés rohingyas sur une île reculée du golfe du Bengale, a annoncé lundi l’armée. Ce projet controversé suscite une forte opposition dans la communauté concernée.

La Première ministre Sheikh Hasina devait officiellement inaugurer mercredi 3 octobre des constructions neuves sur l’île alluviale de Bhashan Char. Dacca compte y déménager près de 100’000 Rohingyas, dont un million de réfugiés vivent dans des camps surpeuplés et insalubres du sud du pays après avoir fui les violences en Birmanie voisine.

Mais un porte-parole de l’armée a indiqué que l’inauguration des infrastructures, auxquelles le gouvernement a alloué un budget de 280 millions de dollars, était repoussée. “Nous annoncerons une nouvelle date bientôt”, a déclaré le lieutenant-colonel Alamgir Kabir. Aucune raison n’a été donnée pour ce report, dont le projet de Bhashan Char est coutumier.

Auparavant nommée Thengar Char, cette île est apparue il y a une dizaine d’années, formée par les sables charriés par le fleuve Meghna. Elle ne figure même pas sur nombre de cartes.

Existences inconfortables

Les opposants au projet dénoncent l’isolement du lieu et les conditions naturelles hostiles de cet îlot désert, sujet à des inondations lors d’importantes marées. “Nous avons vécu dans des collines et en plaine pendant presque toute notre vie. Une île inhabitée transformée en refuge et encerclée par la mer rendrait nos existences très inconfortables”, a déclaré Mohib Ullah, un leader communautaire rohingya.

Les autorités assurent qu’une digue de trois mètres de haut, fraîchement érigée tout autour de l’île, protège celle-ci des inondations. Outre les abris, elles achèvent aussi de bâtir 120 centres d’hébergement d’urgence à plusieurs étages. “Un gros vent d’un cyclone formé en mer, que Dieu me pardonne, démolira les abris”, s’est inquiété Mohammad Shoyeb, un autre responsable rohingya.

Certains leaders communautaires se prononcent toutefois en faveur de ce déplacement de populations sur l’île, au vu de la dégradation de la situation dans les camps du district de Cox’s Bazar. La criminalité y prolifère sur le dos de la misère noire.

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