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Dernier recours rejeté dans un dossier symbole de lèse-majesté

(Keystone-ATS) La cour suprême thaïlandaise a confirmé mercredi la peine avec sursis infligée à l’éditrice d’un site internet pour des commentaires postés sous un article qui sont jugés insultants envers la monarchie. Ce dossier symbole avait provoqué les critiques internationales.

Chiranuch Premchaiporn avait été reconnue coupable en mai 2012 de ne pas avoir supprimé assez rapidement des commentaires postés sur le forum de son site Prachatai, en 2008. La justice s’appuyait sur la loi sur l’informatique.

Cette affaire est devenue un symbole de la lutte pour la liberté d’expression. L’éditrice avait été condamnée à huit mois de prison avec sursis, une peine confirmée en appel en novembre 2013 puis par le plus haut tribunal thaïlandais mercredi.

“Je suis déçue par le verdict et je pense que l’interprétation de la loi est un fardeau pour les webmasters”, a déclaré à l’AFP Chiranuch après la décision.

Inquiétude sur la santé du roi

La Thaïlande possède une des lois de lèse-majesté les plus sévères au monde. Et dans un contexte de grande inquiétude autour de la santé du roi de 88 ans, hospitalisé depuis des mois, la loi est utilisée à tout-va par la junte arrivée au pouvoir après un coup d’Etat en mai 2014.

Parmi les récentes poursuites engagées: l’ambassadeur des Etats-Unis est sous le coup d’une enquête et, début décembre, un homme a été inculpé pour avoir manqué de respect au chien du roi.

Les sentences sont souvent de plus en plus lourdes, sans possibilité de faire appel maintenant puisque tous ces cas sont jugés par des tribunaux militaires. En août, signe du raidissement des autorités, un homme a été condamné à 30 ans de prison et une mère de deux jeunes enfants à 28 ans pour des messages diffusés sur les réseaux sociaux.

Pour Sunai Phasuk de Human Rights Watch, la condamnation de Chiranuch “renforce le contrôle de la liberté d’expression”. “De plus en plus modérateurs internet et de webmasters vont censurer les discussions sur la monarchie, de peur d’être eux aussi poursuivis pour les commentaires postés par d’autres personnes”, a-t-il ajouté auprès de l’AFP.

Menace sur l’avenir d’internet

A l’énoncé du verdict en première instance, le géant de l’internet Google avait qualifié la condamnation de Chiranuch de “menace sérieuse pour l’avenir d’internet”. L’Union européenne s’était inquiétée pour la liberté d’expression dans le pays.

Prachatai, qui publie en thaï et en anglais, est l’un des rares site d’information thaïlandais à publier des articles approfondis concernant la diffamation royale. En octobre, l’AFP a décerné à Mutita Chuachang, une journaliste du site, le prix Kate Webb pour sa couverture des procès de lèse-majesté.

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