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Des astronomes détectent des signaux liés aux premières étoiles

La communauté des astrophysiciens a été surprise par l'intensité des signaux observés, car cela laisse supposer que l'Univers s'est refroidi plus vite qu'on ne le pensait. KEYSTONE/AP National Science Foundation/N.R.FULLER sda-ats

(Keystone-ATS) Des astronomes sont parvenus à détecter pour la première fois des signaux liés à l’apparition des premières étoiles il y a 13,6 milliards d’années, selon une étude publiée mercredi. La découverte a suscité l’effervescence de la communauté scientifique.

L’auteur de cet exploit ? Un petit radiotélescope installé en Australie, dont l’antenne a la largeur d’un réfrigérateur. Toutefois la découverte, annoncée dans la revue Nature, demande encore à être confirmée par d’autres équipes et d’autres instruments plus puissants, comme le radiotélescope SKA (Square Kilometre Array) actuellement en construction en Australie.

La communauté des astrophysiciens a été surprise par l’intensité des signaux observés, car cela laisse supposer que l’Univers s’est refroidi plus vite qu’on ne le pensait. Cela pourrait conduire à revoir les modèles cosmologiques et peut-être permettre de mieux comprendre la mystérieuse matière noire, invisible pour les télescopes, mais qui compose plus du quart de l’Univers.

“La détection apparente de la signature des premières étoiles dans l’Univers sera une découverte révolutionnaire si elle résiste au temps”, déclare Brian Schmidt, prix Nobel de physique 2011, qui confie son “excitation”. “C’est la découverte astronomique la plus importante depuis la détection des ondes gravitationnelles en 2015”, avance même Karl Glazebrook, de l’Université de technologie Swinburne en Australie.

D’autres astrophysiciens sont plus circonspects. “Il faut rester très prudent pour le moment”, déclare Benoit Semelin, de l’Observatoire de Paris. “Mais si l’observation est confirmée, c’est une découverte majeure, car elle impliquera de changer les modèles sur la naissance de l’Univers.”

Défi technique

La découverte est le fruit d’un travail entamé il y douze ans par une équipe menée par l’astronome Judd Bowman, de l’Université d’Etat de l’Arizona (ASU). “C’était un vrai défi technique” de détecter ce signal qui montre que des étoiles étaient déjà actives environ 180 millions d’années après le Big Bang, relève Peter Kurczynski, de la National Science Foundation (NSF) qui a financé l’étude.

De multiples ondes radio sont émises notamment par la Voie lactée, notre galaxie. “Les sources de bruit peuvent être 10’000 fois plus fortes que ce signal. Cela revient à se trouver au milieu d’un ouragan et à essayer d’entendre le bruit d’ailes d’un colibri”, dit-il.

Gaz plus froid

L’étude a également révélé que le gaz dans l’Univers, au moment de l’apparition des premières étoiles, était beaucoup plus froid que prévu. Il aurait été de 3 degrés kelvin (-270 degrés Celsius).

L’astrophysicien Rennan Barkana, de l’Université de Tel Aviv, avance une explication dans une autre étude, publiée également dans Nature. Selon lui, la matière ordinaire serait entrée en interaction avec la matière noire et lui aurait cédé progressivement de l’énergie.

“Si l’idée de Barkana est confirmée, nous aurons appris quelque chose de nouveau et de fondamental à propos de cette mystérieuse matière noire”, souligne Judd Bowman. Mais pour Benoît Semelin, l’hypothèse de Rennan Barkana semble “spéculative” pour le moment.

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