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Des scientifiques suisses traquent le méthane dans l’océan

Fleur de passion est un vieux gréement de 33 mètres restauré par la Fondation Genevoise Pacifique. Celle-ci a lancé une expédition sur les traces de Magellan avec l’objectif d’atteindre une meilleure compréhension de l’état de la planète. Fondation Pacifique sda-ats

(Keystone-ATS) Des scientifiques de l’Université de Genève ont installé aux Philippines un détecteur de méthane, ce polluant co-responsable du réchauffement climatique. Ils ont l’ambition d’effectuer un inventaire exhaustif des points sensibles de la planète d’ici août 2019.

Première journée d’analyses, les résultats tombent. Le taux de méthane est très élevé dans les eaux turquoises de Cebu, une île du centre de l’archipel philippin. Cette mesure initiale est une surprise pour le chercheur Daniel McGinnis, chef du groupe de physique du Département F.-A Forel de l’Université de Genève.

Responsable de ce programme appelé “The Winds of Change”, il vient d’installer l’appareillage sur le voilier historique suisse Fleur de Passion. Le navire, qui effectue un tour du monde, est arrivé cette semaine à Cebu et doit y rester amarré jusqu’au 20 janvier.

Passage dans l’air

Un senseur fixé en tête de mât et une sonde sous-marine permettent de mesurer non seulement la concentration de méthane dans l’eau, mais aussi son passage dans l’air.

“Comparé au CO2, le méthane est 27 fois moins soluble. Il forme des bulles qui passent dans l’air”, explique Daniel McGinnis dans un entretien à l’ats.

Avec le dioxyde de carbone (CO2), le méthane est responsable du réchauffement climatique. Il est produit naturellement lors de la décomposition des matières organiques présentes dans les milieux aquatiques. L’agriculture et l’élevage intensifs augmentent sa concentration de telle manière qu’il participe à l’effet de serre. La recherche s’intéresse à la part de cette pollution atmosphérique provenant de l’eau.

Des lacs à l’océan

Habituellement, le chercheur américain s’occupe de l’état de santé des lacs. Cebu constitue une nouvelle étape du programme transposé en milieu océanique.

“Les principes sont identiques. En général, les plus hautes concentrations de méthane se trouvent à l’embouchure des rivières qui déversent les rejets des activités humaines. Seule différence, dans un lac, l’espace est clos. La détection du gaz est moins influencée par les niveaux d’eau fluctuants tels que cela est le cas en milieu maritime”, affirme-t-il.

Mesures chaque minute

Les mesures sont prises chaque minute à Cebu, puis le seront tout au long du voyage du voilier. Leurs résultats dépendent de la saison, des courants ou d’autres facteurs environnementaux, reconnaît M. McGinnis. “Nous effectuons des instantanés. L’objectif est d’identifier les points sensibles.”

Les données seront récoltées en continu par l’équipage de Fleur de Passion. A la prochaine escale de Singapour, une antenne GPS permettra une transmission directe des informations. Finalement, en août 2019 à Séville, au terme du périple du voilier, le scientifique aura récolté des données qui permettront de gagner une vision globale.

“Mon rêve est de voir placer des détecteurs à bord d’autres navires à vocation scientifique voguant sur les océans, de manière à obtenir un inventaire et de créer une communauté”, conclut le scientifique.

Il espère élargir la structure de son groupe et attirer des financements assurés pour l’instant par l’Université de Genève et la Fondation Pacifique, propriétaire du voilier. Les informations seront disponibles courant 2018 sur le site de l’expédition Fleur de Passion.

www.omexpedition.ch

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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