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Des violences agitent la région somali dans l’est de l’Ethiopie

(Keystone-ATS) Des scènes de pillages, d’émeutes et d’attaques à caractère ethnique avaient lieu dimanche dans l’instable région somali (est) de l’Éthiopie, a-t-on appris auprès d’habitants. Ces violences ont débuté samedi après l’arrivée de troupes gouvernementales dans la région.

Les raisons exactes de ces violences ne sont pas claires, mais le déploiement des ces troupes semble être à l’origine de la colère de la population somali. Des images circulant sur les réseaux sociaux montrent des véhicules blindés de l’armée éthiopienne dans les rues de la capitale régionale Jigjiga, où émeutes et violences ethniques ont été rapportées.

“Tout le monde est à l’intérieur de sa maison. Personne n’en sort”, a déclaré à l’AFP par téléphone un habitant de Jigjiga ayant requis l’anonymat. “Tant de mes voisins (…) ont perdu leurs hôtels, leurs magasins, leurs maisons, tout. Chaque foyer a tout perdu”, a ajouté ce résident, se disant en danger en raison de son ethnicité amhara.

Un autre habitant, appartenant à l’ethnie oromo, la plus importante du pays, a expliqué qu’il était abrité par une famille somali pour le protéger de la redoutée police régionale Liyu, régulièrement accusée d’abus par les groupes de défense des droits de l’Homme.

Rétablir l’ordre

D’après lui, des émeutiers vidaient les coffres des banques et mettaient le feu à des églises dans cette région à majorité musulmane.

L’ambassade américaine à Addis Abeba avait indiqué samedi dans un communiqué que l’armée éthiopienne avait “pris le contrôle de routes clés, d’immeubles gouvernementaux et de l’aéroport de Jigjiga”.

Dans la soirée, le ministère éthiopien de la Défense avait également publié un communiqué stipulant qu’il prendrait “les mesures nécessaires” pour rétablir l’ordre dans la région.

“Fédéralisme ethnique”

Le pays est divisé en neuf régions administratives selon un système dit de “fédéralisme ethnique”, censé donner un degré d’autonomie aux différentes ethnies. Ce système est accusé dans les faits d’exacerber les sentiments d’appartenance et d'”ethniciser” d’anciens différends fonciers.

La région somali est la deuxième plus grande d’Ethiopie, après la région oromo, mais aussi la plus instable. En 2017, des affrontements entre membres des ethnies oromo et somali avaient fait plus d’un million de déplacés.

En juillet, l’ONG Human Rights Watch a accusé le gouvernement régional somali d’administrer une prison secrète dans laquelle des prisonniers soupçonnés d’appartenir à un groupe séparatiste local subissent des tortures et des viols.

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