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Deux ans de prison avec sursis requis contre “l’espion suisse”

L'"espion suisse" et deux de ses avocats à l'arrivée au procès jeudi à Francfort. Le Parquet allemand réclame deux ans avec sursis. KEYSTONE/EPA GETTY IMAGES POOL/ALEXANDER SCHEUBER / GETTY IMAGE sda-ats

(Keystone-ATS) Le parquet fédéral allemand requiert une peine de deux ans de prison avec sursis contre le présumé espion suisse jugé à Francfort (D). Grâce aux aveux livrés la semaine dernière, l’accusé échappera donc à la prison ferme. La défense demande une peine d’un an et demi.

L’ancien policier zurichois, âgé de 54 ans, risquait jusqu’à cinq ans de prison ferme, a rappelé le procureur Lienhard Weiss jeudi lors de la troisième audience du procès. Mais entre-temps il s’est avéré que l’existence d’une taupe n’a jamais pu être prouvée. Le Suisse était accusé d’en avoir placé une dans l’administration financière de Rhénanie du Nord-Westphalie.

“Si cet informateur avait quand même existé, vous auriez aussi demandé deux ans maximum?”, a lancé Valentin Landmann, l’un des trois avocats du détective privé. Cette sanction maximale était celle que l’accusation avait proposée avant de savoir que cet agent infiltré n’avait en fin de compte jamais existé. Compte tenu de ce fait, la défense réclame un an et demi de prison avec sursis.

Un an et huit mois ?

Les juges tranchent généralement au milieu, donc “il devrait écoper d’un an et 8 mois à peu près”, avait pronostiqué un autre de ses défenseurs, Thomas Koblenzer, jeudi dernier. Le natif du canton de Soleure, en détention préventive à Mannheim (D) depuis avril, devra en outre s’acquitter d’une amende de 40’000 euros.

Finalement, la seule faute qu’il a commise, c’est d’avoir identifié pour le compte du Service de renseignement de la Confédération (SRC) les inspecteurs du fisc qui œuvraient à recueillir des données sur des clients allemands de banques helvétiques, a souligné l’avocat Robert Kain. Il a dès lors acquis des informations personnelles sur trois enquêteurs fiscaux de Rhénanie du Nord-Westphalie.

Ces informations étaient faciles à trouver et n’était pas sensibles, a insisté Thomas Koblenzer lors de son plaidoyer. Si l’informateur avait existé, on aurait eu un gros problème, mais tel n’est pas le cas. Le principal intéressé n’a quant à lui pas tenu à s’exprimer.

Il reste des zones d’ombre concernant cet indicateur, a de son côté déclaré le procureur dans ses réquisitions. Et l’accusé a bel et bien avoué s’être mis à la recherche d’une taupe avec l’aide de son contact allemand.

D’après l’accusé, cet agent, dont il avait divulgué le nom lors de la précédente audience, n’a jamais effectué cette recherche, cet informateur n’a donc jamais existé. Il pense s’être fait flouer par son homme de contact.

Réponse jeudi prochain

Le “007 helvétique”, cheveux blancs et simplement vêtu d’un pull gris, est accusé d’avoir espionné, de juillet 2011 à février 2015, les autorités fiscales de Rhénanie du Nord-Westphalie. Ceux-ci avaient participé à l’achat de CD contenant des données de clients allemands de banques suisses et fraudeurs présumés du fisc allemand.

L’accusé a recueilli des données comme la date de naissance, adresses et numéros de téléphone privés de ces enquêteurs. L’indicateur devait lui recueillir des informations supplémentaires sur les démarches allemandes concernant l’acquisition de ces CD.

Le verdict tombera jeudi prochain. Cet accord à l’amiable en échange des aveux livrés la semaine passée met un terme à un important imbroglio diplomatico-judiciaire entre l’Allemagne et la Suisse. Cette affaire est devenue politique, a résumé Thomas Koblenzer à l’issue de l’audience.

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