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Deux gouvernements d’accord sur la fin de la Question jurassienne

Les drapeaux bernois sont minoritaires à Belprahon (ici) ou à Sorvilier, mais ce sont eux qui passent l'épaule. KEYSTONE/ANTHONY ANEX sda-ats

(Keystone-ATS) Jean qui rit et Jean qui pleure: après la décision des citoyens de Belprahon et Sorvilier de rester bernois, les gouvernements des deux cantons s’accordent au moins sur un point. Ce dimanche marque la fin de la Question jurassienne, au plan politique du moins.

Car juridiquement, la question reste ouverte avec la douzaine de plaintes pendantes sur Moutier et celles qui devraient suivre avec les votations du jour. Pour le ministre jurassien Charles Juillard, qui a souhaité que les procédures en cours soient réglées le plus rapidement possible, “les recours ont sans doute eu une influence sur des indécis”.

Lors d’une conférence de presse à Delémont, la présidente du gouvernement a regretté le climat “délétère” autour du vote ces dernières semaines. Et Nathalie Barthoulot d’évoquer en particulier comme exemples les recours contre le vote à Moutier et les informations sur une possible vente de l’hôpital du Jura bernois.

Le gouvernement s’est interrogé sur le calendrier de certaines fuites dans la presse, pointant en particulier l’enquête du Ministère public du Jura bernois-Seeland sur le vote à Moutier, rendue publique le jour de la Fête du peuple jurassien. L’exécutif n’a pas exclu une “intervention auprès de la Confédération”, sans donner plus de précisions.

Décisions proches

Répondant aux souhaits de diligence exprimés par son homologue jurassien, le conseiller d’Etat bernois et président du gouvernement Bernhard Pulver a assuré que le préfet rendra ses décisions sur les recours sur Moutier avant de partir à la retraite fin novembre. Tout en précisant que les plaintes actuellement pendantes concernant le vote de Moutier ne changent rien au fait que la Question jurassienne est bel et bien terminée.

A propos des procédures en cours, le gouvernement bernois ne souhaite pas prendre position. Il en reste au plan politique. Mais le président du gouvernement bernois tient quand même à répondre aux critiques selon lesquelles la votation de ce dimanche, en se déroulant avant que ne soient connues les conclusions des recours sur Moutier, aurait pu être faussée.

Un défi “unique”

Cependant, les deux gouvernements s’étendent moins sur le passé qu’ils n’évoquent l’avenir. Ainsi les autorités jurassiennes vont maintenant se concentrer sur le transfert de Moutier, un processus qui va avancer “très rapidement”, selon Nathalie Barthoulot. “Il s’agit d’un défi unique, car jamais dans l’histoire suisse une commune de 8000 habitants n’a changé de canton.”

Une cellule de cinq personnes va rapidement s’atteler à la tâche. Un concordat intercantonal doit être négocié entre les deux parties et soumis au vote dans les deux cantons. “Nous voulons réserver le meilleur accueil possible à Moutier”, a souligné Charles Juillard. La ville prévôtoise sera jurassienne au plus tôt en 2021.

“Serrer les rangs”

Le gouvernement bernois appelle lui à “serrer les rangs. Il est temps désormais que tous les camps consacrent ensemble leur énergie au développement de leurs communes. Les habitants de Belprahon et de Sorvilier méritent de tourner la page des oppositions et de saisir les opportunités qui s’offrent à eux”, a déclaré le Conseil-exécutif.

Ce dernier tend la main à toutes les parties pour bâtir l’avenir. Et Bernhard Pulver de préciser à l’intention de son homologue jurassien qu’il attend de celui-ci qu'”il nous accompagne dans un esprit constructif”.

Le conseiller d’Etat représentant le Jura bernois Pierre Alain Schnegg (UDC) s’est exprimé de manière semblable. Appelant les perdants à “collaborer avec nous” tout en “respectant le canton du Jura et son patriotisme”, il a assuré que “toutes les forces constructives sont les bienvenues”.

Tous auront du reste l’occasion de se retrouver le 10 novembre. A cette occasion, l’Assemblée interjurassienne sera officiellement dissoute.

MAJ pas d’accord

Les autonomistes ne veulent pour leur part pas entendre parler de clôture de la Question jurassienne. Devant quelque 150 militants autonomistes scandant avec ferveur “ce n’est qu’un début, continuons le combat”, dimanche à Moutier (BE), le secrétaire général du Mouvement autonomiste jurassien (MAJ) Pierre-André Comte a affirmé que “ce n’est que partie remise”.

“Sorvilier reste en prison. Ainsi en ont décidé les ennemis du Jura”, a déclaré le conseiller municipal autonomiste de Sorvilier Jean-Marie Kohler. “Une terre jurassienne est maintenant sous les verrous des geôliers bernois”, a ajouté le porte-parole des militants du oui à Sorvilier.

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