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Deux hommes en souffrance et un héros

(Keystone-ATS) Un sentiment contradictoire domine au lendemain de la victoire 1-0 de la Suisse devant l’Albanie à Lens. Comme si définir la valeur de cette équipe de Suisse était si hasardeux.

On a bien vu deux équipes de Suisse samedi à Lens. Tout d’abord, un onze maître de son sujet dans une entame de match parfaite récompensée par l’ouverture du score de Fabian Schär. Puis au fil des minutes, cette équipe si séduisante a perdu le fil de son football, incapable d’exploiter à la fois des situations extrêmement favorables devant le gardien Berisha et sa supériorité numérique dictée par l’expulsion de Cana.

“On a arrêté de jouer après 20, 30 minutes”, fulminait Vladimir Petkovic. Soulagé par le résultat, le coach national n’a pas masqué un certain courroux. A ses yeux, ses joueurs ont “commis trop d’erreurs”. Sans le condamner ouvertement, le sélectionneur a reconnu que Xerdan Shaqiri n’a pas pu échapper au contexte particulier de ce derby. Cible des supporters albanais, il ne s’est jamais vraiment libéré alors qu’il avait, quinze jours plus tôt à Genève contre la Belgique, réussi un petit festival sur son flanc droit.

Le résumé parfait d’une saison

Capable de provoquer l’expulsion de Cana, capable aussi de réussir de fantastiques appels, Haris Seferovic, pour sa part, a livré dans le Pas-de-Calais un match qui fut le résumé parfait de sa saison à l’Eintracht Francfort. Un match inachevé où tout n’est pas à jeter. Avant d’inscrire le but du maintien à Nuremberg lors du barrage, le Lucernois n’avait marqué que trois buts en Bundesliga, dont un sur penalty. Samedi, il n’a pas pu cacher son désarroi au coup de sifflet final, conscient que son manque de réalisme dans le dernier geste – il a galvaudé quatre occasions nettes – a failli coûté très cher. Sans le miracle de Yann Sommer devant Gashi en fin de rencontre, les Suisses se seraient réveillés ce dimanche matin avec une immense gueule de bois.

Xherdan Shaqiri et Haris Seferovic nous doivent donc une revanche. Mercredi au Parc des Princes face à la Roumanie, Vladimir Petkovic attend du joueur de Stoke City et du Champion du monde M19 une réaction. Le sélectionneur sait parfaitement que rien ne sera vraiment possible dans cet Euro sans un grand Xherdan Shaqiri. Ce match contre l’Albanie enfin derrière lui, le Bâlois peut retrouver cette forme d’insouciance dans le jeu qui fait sa grande force. Quant à Seferovic, Vladimir Petkovic semble lui accorder une confiance illimitée. Le coach national sait que le Lucernois peut réussir de grandes choses. N’avait-il pas signé un magnifique doublé l’automne dernier à Vienne lors de la victoire 2-1 devant l’Autriche ?

Combler un déficit de notoriété

Mais si Shaqiri et Seferovic furent en souffrance à Lens, un homme a livré une performance extraordinaire: Yann Sommer bien sûr. Pour sa grande “première” dans une phase finale, le gardien du Borussia Mönchengladbach a été parfait. “L’Equipe” lui accorde ce dimanche la meilleure note du match avec un 7 qu’il partage toutefois avec Fabian Schär et Granit Xhaka. Cet Euro doit lui permettre d’effacer le déficit de notoriété qu’il accuse au-delà des frontières suisse et allemande. Si la France le connaissait vraiment, est-ce que le choix du Paris Saint-Germain de recruter un gardien très fort dans l’anticipation et dans le jeu au pied se serait-il porté sur Kevin Trapp ? Entre les deux hommes, tout le monde sait en Allemagne qu’il n’y a pas vraiment photo…

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