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Deux ONG dénoncent les “visas dorés” accordés par des pays de l’UE

La "vente" de passeports, dénoncée par deux ONG, aurait rapporté à Chypre près de 5 milliards d'euros depuis 2013 (photo symbolique). KEYSTONE/EPA/KATIA CHRISTODOULOU sda-ats

(Keystone-ATS) Si vous avez assez d’argent, et même si sa provenance est douteuse, vous pouvez acheter un passeport ou un permis de résidence dans plusieurs pays de l’UE, dénoncent deux ONG. Autriche, Bulgarie, Chypre et Malte “vendent” leurs passeports.

Le rapport, intitulé “Dans le monde trouble des visas dorés”, a été publié mercredi par Transparency International et Global Witness. Les deux ONG y affirment que “comme un bien de luxe, la citoyenneté européenne ou le droit de résider dans l’UE peuvent s’acheter”.

“Corrompus et criminels peuvent facilement trouver refuge en Europe grâce à l’opacité et au manque d’encadrement des programmes appelés Visas dorés”, écrivent les auteurs de ce rapport. “Le bénéfice économique de ces dispositifs – qui permettent d’offrir la citoyenneté ou le droit de résidence à des non-Européens en échange d’investissements importants – est compromis par des risques liés à un manque de contrôle favorisant la prise de décision discrétionnaire et la corruption”.

Six mille passeports “vendus”

Quatre pays de l’Union (Autriche, Bulgarie, Chypre et Malte) “vendent” des passeports. Douze accordent sous condition des droits de résidence à de riches investisseurs, précise le rapport. Au moins six mille passeports et près de cent mille permis de séjour au été “vendus” au cours de la dernière décennie.

“L’Espagne, la Hongrie, la Lettonie, le Portugal et le Royaume-Uni en ont accordé plus de dix mille chacun”, selon les auteurs du rapport. Ce système a notamment permis à Chypre de collecter 4,8 milliards d’euros depuis 2013, 718 millions pour Malte depuis l’ouverture d’un programme en 2014.

Un permis de résidence est accordé à ceux qui investissent 250’000 euros en Grèce et en Lettonie. “Un passeport chypriote peut coûter deux millions d’euros”, accuse le texte.

“Visas dorés”

Le programme de “visas dorés” à Malte, et la façon dont ils étaient accordés, était l’une des enquêtes sur lesquelles travaillait la journaliste et blogueuse Daphne Caruana Galizia quand elle a été assassinée dans l’explosion de sa voiture, le 16 octobre 2017.

Interrogé mercredi à Bruxelles par des journalistes après la publication de ce rapport, le commissaire européen aux Migrations, aux Affaires intérieures et à la citoyenneté Dimitris Avramopoulos a déclaré : “Nous suivons cette question de très très près”.

“Nous travaillons à un rapport sur les procédures nationales permettant d’accorder la nationalité à des investisseurs, qui comprendra des consignes données aux États membres sur les nécessaires enquêtes préalables sur les postulants”, a-t-il ajouté. “Nous prévoyons de publier ce rapport avant la fin de l’année”.

http://transparency.eu/wp-content/uploads/2018/10/REPORT-European-Getaway-Inside-the-Murky-World-of-Golden-Visas_web.pdf

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