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Deux prostituées abandonnent les poursuites contre DSK

(Keystone-ATS) Deux prostituées ont abandonné lundi les poursuites engagées à l’encontre de Dominique Strauss-Kahn, faute de preuves, dans le procès pour proxénétisme aggravé devant un tribunal français. Cette décision est intervenue à la veille des réquisitions du parquet.

Les deux prostituées avaient livré la semaine dernière à la barre du tribunal de Lille (nord) un témoignage entrecoupé de larmes sur le caractère brutal des rapports sexuels avec DSK qui, selon elles, montrait qu’il savait parfaitement qu’elles étaient des prostituées et non des libertines.

“Nous avons la conviction que M. Strauss-Kahn avait la pleine et entière connaissance de l’état de prostituée. Mais cette conviction ne suffit certainement pas à constituer l’infraction”, a regretté Me Gilles Maton, avocat de quatre prostituées dont deux ont abandonné les poursuites.

Une association a également abandonné la partie à l’encontre de Dominique Strauss-Kahn, jugé aux côtés de treize autres prévenus. “Equipes d’action contre le proxénétisme retire sa constitution de partie civile”, a fait savoir l’avocat de cette association, Me David Lepidi, lors de l’audience consacrée aux plaidoiries des parties civiles dans le procès “du Carlton de Lille”, du nom d’un hôtel où des parties fines étaient organisées.

Le minotaure

Au cours des trois jours d’audience la semaine dernière, DSK a affirmé qu’il ignorait que les femmes qu’il rencontrait lors de soirées libertines étaient des professionnelles du sexe.

“Pour M. Strauss-Kahn, l’omerta a parfaitement fonctionné”, a noté avec ironie David Lepidi, alors que DSK en costume noir, chemise sombre, restait impassible.

Gilles Maton a, lui, évoqué sa première impression à l’arrivée de DSK dans l’antre de la salle d’audience. Il dit avoir vu alors “le minotaure, la puissance à l’état brut”, en référence aux dessins érotiques de Picasso centrés sur l’animal mythologique.

Plus tôt dans la journée ouvrant la troisième et dernière semaine du procès, Me Emmanuel Daoud, qui défend le Mouvement du Nid, une association en lutte contre les causes et conséquences de la prostitution, se félicitait d’avoir gagné son pari “que ce procès serait une oeuvre de salubrité publique”. Pour preuve: le Sénat a décidé d’étudier fin mars une proposition de loi pénalisant les clients de prostituées, a-t-il souligné.

“Casting hors norme”

“Ce n’est pas seulement le procès de ces quatorze prévenus qui s’est tenu, pas seulement celui du proxénétisme, de la prostitution, c’est aussi le procès de notre société”, estimait Me Daoud à l’entame de sa plaidoirie.

Qualifiant le procès de “hors norme par son casting et terriblement ordinaire par son objet”, l’avocat a conclu qu’après le témoignage des anciennes prostituées “nous ne ricanerons plus à l’évocation des parties fines”.

“Notre objectif en venant ici était d’avoir leur parole prise en considération, et elles-mêmes prises en considération en tant que personnes, et non comme des ‘petites’, du ‘matériel’, des ‘dossiers'”, indique Me Maton en parlant de ses clientes et des surnoms qui leur étaient donnés par les prévenus, dont DSK.

“DSK” encourt jusqu’à 10 ans de prison et 1,5 million d’euros (1,6 millions de francs) d’amende pour proxénétisme aggravé. Si les prostituées s’attendent à ce que le parquet demande mardi la relaxe de l’ancien chef du FMI, leurs avocats ont “chargé” certains des autres prévenus.

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