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Diagnostic préimplantatoire: “sélection d’êtres humains” dénoncée

(Keystone-ATS) Le diagnostic préimplantatoire (DPI) pourrait mener à des dérives eugénistes. Un comité interpartis, sous la houlette du Parti évangélique (PEV), se lance dans la bataille contre la modification de la Constitution fédérale soumise au peuple le 14 juin.

Cette révision “prétendument inoffensive ouvrirait grand la porte à la sélection ciblée d’êtres humains”, estime le comité “NON au DPI”. Il compte dans ses rangs des membres du PEV, du PDC, de l’UDC, de l’UDF, du PBD et même une socialiste, la conseillère nationale Susanne Leutenegger Oberholzer (PS/BL).

Même si quasiment tous les pays européens autorisent le diagnostic préimplantatoire, les opposants refusent de lever l’interdiction en Suisse. La technique permet d’analyser un embryon conçu in vitro avant son implantation dans l’utérus pour y dépister d’éventuelles anomalies.

Terrain glissant

Le Conseil fédéral et le Parlement ont prévu de soumettre au peuple et aux cantons la modification de la constitution pour lever l’interdiction, mais il ont déjà peaufiné la loi d’application. Or ce texte est trop extrême, aux yeux du comité qui préfère combattre d’emblée la révision constitutionnelle.

Cette modification mènerait vers un “terrain glissant”, a assuré le conseiller national Dominique de Buman (PDC/FR). Au lieu d’être confiné aux maladies graves héréditaires, le DPI serait permis pour toutes les fécondations artificielles, notamment pour repérer une éventuelle trisomie 21. Aucune barrière éthique n’a été fixée.

Indignes de vivre?

Sa collègue Christine Bulliard (PDC/FR) s’est insurgée contre ce système qui permet, selon elle, la sélection entre une vie digne d’être vécue et celle qui ne l’est pas.

“Si l’on poursuit sur cette voie, les êtres humains porteurs de handicap seront à l’avenir étiquetés comme indignes de vivre”, a renchéri le conseiller national Christian Lohr (PDC/TG), lui-même invalide. Conséquence, les prestations d’assurances sociales et des caisses maladies pourraient être refusées aux enfants dont les parents n’ont pas recouru au diagnostic.

Autre problème soulevé, le sort incertain des embryons surnuméraires produits avant la fécondation in vitro. “Des milliers d’embryons seront en surplus, qui au plus tard après 10 ans seront décongelés, détruits ou utilisés pour la recherche”, a dénoncé Sylvia Flückiger (UDC/AG).

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