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Didier Burkhalter, une chance pour la Genève internationale

Didier Burkhalter est notamment apprécié pour ses qualités humaines et s'est rapidement rapproché du nouveau secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres (archives). KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) L’action de Didier Burkhalter est saluée quasi unanimement dans la Genève internationale après l’annonce de sa démission pour fin octobre. Sous son mandat, malgré des déconvenues, la ville est redevenue un centre de la médiation et a attiré de nouvelles organisations.

Depuis 2012, le chef du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a régulièrement mis en avant la Genève internationale. Il avait même été honoré par la Fondation pour Genève il y a trois ans. “Son bilan est proprement impressionnant”, a confié jeudi à l’ats le président du gouvernement genevois François Longchamp.

“Il a très vite compris que l’influence d’un ministre des Affaires étrangères d’un pays de la taille de la Suisse peut être décuplée par la présence des organisations internationales”. Et de mentionner “le sens profond du devoir” qui porte son camarade de parti qu’il connaît depuis plus de 30 ans. “Il l’a accompli”, ajoute-t-il.

Au Palais des Nations, le sentiment est largement partagé. “C’est un fan de l’ONU. Il nous a beaucoup soutenus. Il est souvent ici”, glisse un employé.

“Il a mis la Genève internationale au premier plan”, renchérit le directeur général de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) Francis Gurry. “Regardez autour de vous” les chantiers prévus dans des agences onusiennes, ajoute celui qui doit encore rencontrer le conseiller fédéral en juillet.

Relations personnelles

M. Gurry se souviendra de M. Burkhalter comme d’un “grand diplomate” dans ses relations. Sous le mandat du chef du DFAE, la Suisse a garanti un prêt de 439 millions de francs pour la rénovation du Palais des Nations. Un succès pour le chef de la diplomatie, qui a réussi à obtenir au Parlement tous les financements pour des aménagements supérieurs dans les prochaines années à ceux des 50 précédentes, selon M. Longchamp.

Chaque fois qu’il l’a pu, le conseiller fédéral a ouvert en personne les sessions du Conseil des droits de l’homme. Comme en 2016, où il lançait un Appel du 13 juin pour mettre les droits humains au centre des débats sur la sécurité.

Plus de 70 Etats ont rejoint cet engagement depuis. L’arrivée d’Antonio Guterres comme secrétaire général de l’ONU, que M. Burkhalter tutoie comme beaucoup de ses homologues, aura contribué à faire entendre ce message. Les Etats-Unis de Donald Trump par exemple ont organisé il y a quelques semaines une réunion sur les droits humains dans le cadre du Conseil de sécurité.

Des fondements pour la valorisation de la Genève internationale avaient été établis par sa prédécesseure Micheline Calmy-Rey. “Mais il a accéléré le développement et profité du contexte international favorable”, affirme un observateur de premier plan.

M. Burkhalter “a su saisir” la possibilité de convertir ces efforts grâce à sa “crédibilité” et “ses capacités à établir des relations personnelles”. Il se sera aussi appuyé sur la stratégie adoptée en 2013 avec le canton et la ville, dont il a été un acteur important.

Soutien salué par de Mistura

Témoignages concrets de ce renouveau, le retour de nombreux pourparlers de paix ces dernières années à Genève: sur l’Iran et la Syrie, mais aussi le Yémen ou Chypre. La Suisse a activement soutenu ces processus par une aide, notamment logistique.

Un dispositif dont le coût n’est pas dévoilé. Mais cet investissement a été salué régulièrement et publiquement par l’émissaire de l’ONU pour la Syrie Staffan de Mistura. M. Burkhalter a aussi innové en organisant une conférence internationale de donateurs sur le Yémen.

Autre indication, la Genève internationale s’est enrichie d’acteurs. Selon M. Longchamp, le secrétariat du traité sur le commerce des armes (TCA) a choisi de s’y établir grâce à M. Burkhalter. Le conseiller fédéral est allé chercher les derniers votes “le couteau entre les dents”, se rappelle-t-il.

D’autres institutions comme le Fonds mondial pour l’engagement de la communauté et la résilience (GCERF) ou, plus récemment, l’Alliance internationale pour la protection du patrimoine dans les zones en conflit (ALIPH) sont arrivées à Genève. M. Burkhalter aura aussi inauguré la Maison de la Paix, un chantier toutefois entamé bien avant son arrivée au DFAE et lancé par le canton.

Bye bye le Fonds pour le climat

Quelques déconvenues sont venues gâcher l’embellie. Un ex-représentant d’une importante ONG internationale retient notamment l’augmentation des difficultés de représentants de la société civile de pays du Sud à obtenir des visas pour Genève.

Par ailleurs, le DFAE a été mis en cause dans la gestion de la Fondation des immeubles pour les organisations internationales (FIPOI). Et malgré les millions offerts par la Suisse pour son établissement à Genève, le Fonds vert pour le climat aura trouvé l’herbe sud-coréenne plus verte.

Récemment, le ministre mettait en garde contre une surinterprétation du prêt suisse. Cette aide ne donne pas “droit” à avoir des revendications excessives et la Suisse doit aussi être reconnaissante à l’ONU, disait le chef du DFAE.

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