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Donald Trump ne veut pas de transgenres dans l’armée

L'administration Obama avait décidé l'année dernière que l'armée devrait commencer à accueillir des recrues transgenres au 1er juillet 2017 (archives). KEYSTONE/EPA/CJ GUNTHER sda-ats

(Keystone-ATS) Le président américain Donald Trump a annoncé mercredi que les personnes transgenres ne pourront servir dans aucun corps de l’armée. Il offre ainsi une victoire à l’aile conservatrice du parti républicain sur un sujet ultra-sensible qui divise l’Amérique.

“Après consultation de mes généraux et des experts militaires, soyez avisés que le gouvernement des Etats-Unis n’acceptera pas ou ne permettra pas aux personnes transgenres de servir dans aucun corps de l’armée américaine”, a tweeté le président.

Pour justifier sa décision, Donald Trump met en avant “le fardeau des coûts médicaux énormes” et “les perturbations que des personnes transgenres entraîneraient au sein de l’armée.

Mais l’argument du coût des soins médicaux nécessaires pour un changement de sexe des recrues est battu en brèche par une étude du centre de réflexion RAND. Elle l’estime entre 2,4 et 8,4 millions de dollars par an, sur un budget total du Pentagone de plus de 500 milliards en 2016.

Ouvert à tous

Le ministère de la Défense américain semble avoir été pris de court par cette annonce, alors que le ministre de la Défense Jim Mattis est en congés. “Nous donnerons des instructions rapidement”, a simplement commenté le porte-parole du Pentagone, le capitaine Jeff Davis, renvoyant toutes les questions vers la Maison Blanche.

“Tous les Américains patriotes qualifiés pour servir dans notre armée doivent pouvoir le faire. Point final”, a réagi l’ancien vice-président démocrate Joe Biden.

Le sénateur républicain John McCain a vivement critiqué le président Donald Trump pour avoir annoncé un stupéfiant renversement de politique de l’armée américaine sur Twitter. “Tout Américain qui répond aux standards en vigueur sur le plan médical et de la préparation doit pouvoir continuer à servir”, a-t-il tonné.

L’administration Obama avait décidé l’année dernière que l’armée devrait commencer à accueillir des recrues transgenres au 1er juillet 2017. Le secrétaire à la Défense de Donald Trump, Jim Mattis, avait repoussé cette échéance de 6 mois afin “d’évaluer l’impact” de cette intégration sur les forces armées.

Chelsea Manning indignée

Selon le ministère de la Défense américain, il y aurait de 2500 à 7000 personnes transgenres sur les 1,3 million de militaires en activité. L’organisation de défense des droits Human Rights Campaign estime que le nombre est plus proche des 15000.

Il s’agit de militaires qui ont déclaré leur orientation après leur intégration dans l’armée, comme Chelsea Manning, l’informatrice de Wikileaks. L’ancienne analyste du renseignement, emprisonnée pour des fuites de documents secret-défense et libérée en juin, est toujours légalement une soldate de l’U.S. Army.

“Donc, l’armée la plus grande, la plus forte, la plus chère de la planète se lamente pour quelques trans, mais finance les F-35? Cela ressemble à de la lâcheté”, a réagi Chelsea Manning sur Twitter. Elle comparait le coût de l’intégration des transgenres à celui de l’avion de combat F-35, le programme d’armement le plus cher de l’histoire militaire américaine, avec un coût estimé à près de 400 milliards de dollars.

Jusque-là, le département de la Défense avait adopté une position prudente sur ce dossier très sensible. Ainsi, les militaires qui dévoilaient leur orientation alors qu’ils étaient déjà sous l’uniforme ne pouvaient pas être expulsés de l’armée.

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