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Duels fratricides pour les cinq sièges de l’exécutif valaisan

Il n'y aura qu'un vainqueur dans le match, dans le district de Martigny, entre Christophe Darbellay et Nicolas Voide, lui aussi PDC, mais qui a rejoint la liste conservatrice d'Oskar Freysinger. KEYSTONE/ALESSANDRO DELLA VALLE sda-ats

(Keystone-ATS) La course aux cinq sièges de l’exécutif valaisan est marquée par des duels fratricides. Le PDC, le PS et même le PLR sont divisés par les positions et déclarations dans leurs propres rangs. Le peuple livrera un premier verdict le 5 mars.

Le PS valaisan a vécu une année 2016 agitée. A fin avril, sa conseillère d’Etat sortante Esther Waeber-Kalbermatten a annoncé vouloir briguer un troisième mandat. Mais en novembre, l’ancien président du Conseil National Stéphane Rossini a également annoncé sa candidature.

Dans un climat tendu, le PS a finalement décidé de déposer une liste avec les deux candidats, complétée par une candidature Centre gauche PCS. Cette double candidature a provoqué un froid entre les sections germanophone et francophone du PS.

Division au PDC

L’agitation a gagné le PDC quelques mois plus tard. En janvier, l’ancien président du Grand Conseil Nicolas Voide (PDC) a annoncé sa candidature sur une liste commune avec les UDC Oskar Freysinger, conseiller d’Etat sortant, et Sigrid Fischer-Willa, présidente de Brigue.

La candidature a provoqué des vagues, jusqu’à faire un peu oublier les grincements de dents internes du PS. Politicien de droite, Nicolas Voide affirme vouloir représenter cette aile de son parti. Mais il n’avait pas fait acte de candidature au congrès du PDC.

Le malaise au Parti démocrate-chrétien avait déjà débuté en 2015 avec l’annonce de la candidature de Christophe Darbellay. Alors encore président du PDC suisse, il avait mis la pression sur le conseiller d’Etat en exercice Maurice Tornay qui a finalement annoncé en avril 2016 renoncer à un troisième mandat.

Grincements au PLR

Ejecté du gouvernement valaisan il y a quatre ans, le PLR n’a pas été épargné par les tensions. Avec deux candidats, le parti semblait présenter un front uni jusqu’au début février. Mais un de ses candidats, lors d’une interview sur Rhône FM, n’a pas exclu une alliance avec la liste de droite d’Oskar Freysinger.

La déclaration a immédiatement provoqué la réaction du président du PLR cantonal qui a exclu toute alliance. Et de préciser dans un communiqué que les déclarations du candidat de son parti n’engageaient que lui.

Contre l’UDC

La campagne est aussi marquée par une opposition à l’UDC et à son candidat conseiller d’Etat sortant Oskar Freysinger. Plus d’un millier de personnes se sont réunies le 18 février à Sion pour montrer leur désapprobation aux affiches de campagne de l’UDC.

Sous l’appellation “coupons lui la voie”, un groupe de citoyens a lancé une opération de financement participatif (crowdfunding) pour éditer et distribuer un tout-ménage contre la réélection du tribun UDC. Le groupe a annoncé que les 39’000 francs nécessaires ont été réunis.

Le conseiller d’Etat UDC ne cache pas son ambition de faire élire au gouvernement une majorité clairement à droite et conservatrice avec sa liste “ensemble à droite”. Il veut placer l’électorat devant un choix de société. C’est ainsi davantage sur cette question fondamentale mais abstraite que sur des thèmes concrets que la campagne se déroule.

A tel point que la présidente du PS du Valais romand, Barbara Lanthemann, appelle dans l’éditorial du dernier bulletin du parti à ajouter Christophe Darbellay aux trois candidats de sa liste de gauche, afin de faire contre-poids à cette entente de droite. “Il faut savoir avec qui nous voulons gouverner”, déclare la conseillère nationale.

Scrutin indécis

L’élection s’annonce déjà comme l’une des plus ouvertes jamais vécues en Valais. Ils sont treize, un record, sur la ligne de départ. Le seul pronostic qui recueille la plupart des suffrages est celui d’un ballottage général au soir du 5 mars. Un sondage publié cette semaine par la RTS confirme la tendance, avec les dix premiers séparés par seulement 10 points de pourcentage.

Pour la suite, le deuxième tour aura lieu le 19 mars, peu d’observateurs s’avancent. Seule certitude, la constitution valaisanne interdit la présence au gouvernement de deux élus domiciliés dans le même district.

Or, pour le moment, la socialiste Esther Waeber-Kalbermatten et l’UDC Sigrid Fischer-Willa habitent Brigue. Le Vert Thierry Largey, le Centre gauche PCS Jean-Michel Bonvin et l’UDC Oskar Freysinger sont du district de Sion. L’indépendant Jean-Marie Bornet, le socialiste Stéphane Rossini et le PLR Frédéric Favre viennent du district de Conthey. Le PDC dissident Nicolas Voide et le PDC Christophe Darbellay sont de Martigny.

Seuls les PDC Jacques Melly de Sierre et Roberto Schmid de Loèche ainsi que le PLR Claude Pottier de Monthey ne sont pas concernés par la règle constitutionnelle. Mais au deuxième tour, certains candidats pourraient se retirer de la course. Pour les autres, il s’agira de totaliser plus de voix qu’un autre candidat du même district.

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