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Elections locales au Royaume-Uni, en pleine tension sur le Brexit

Les bureaux de vote ont ouvert leurs portes à 07h00 locales (08h00 suisses) en Angleterre, au Pays de Galles et en Ecosse pour ces élections locales (archives). KEYSTONE/EPA/ANDY RAIN sda-ats

(Keystone-ATS) En pleine tension avec Bruxelles sur le Brexit, la première ministre britannique Theresa May passait jeudi son premier grand test électoral avec le renouvellement d’instances locales. Le résultat sera scruté à la loupe en vue des législatives anticipées du 8 juin.

De l’Angleterre à l’Ecosse et au Pays de Galles, les Britanniques sont appelés à renouveler près de 5000 sièges de conseils locaux. Les bureaux de vote ont ouvert à 07h00 locales (08h00 suisses) et resteront ouvert jusqu’à 22h00. Le résultat est attendu pour vendredi dans la journée.

Traditionnellement organisées à mi-mandat, ces élections locales ont lieu cette année, Brexit oblige, dans un contexte particulier. Elles tombent ainsi moins d’un an après le référendum historique du 23 juin 2016 sur la sortie de l’Union européenne, dont le résultat divise toujours profondément les Britanniques.

Le scrutin se déroule en outre à seulement cinq semaines des législatives anticipées convoquées par Theresa May, qui espère renforcer sa majorité au parlement de Westminster avant de se lancer dans des négociations sur le Brexit avec Bruxelles qui s’annoncent d’ores et déjà difficiles.

Mercredi, le négociateur en chef de l’UE pour le Brexit, Michel Barnier, a souligné que la sortie du giron européen ne se ferait pas “rapidement et sans douleur”.

Instrumentalisation

La dirigeante conservatrice a accusé elle des responsables européens de vouloir “influencer” l’issue des législatives. “Certains à Bruxelles ne veulent pas le succès des négociations, ne veulent pas que le Royaume-Uni réussisse”, a-t-elle lancé. Le quotidien britannique The Guardian a jugé que Theresa May avait, avec cette “attaque extraordinaire”, “déclaré la guerre à Bruxelles”.

“Personne ne veut influencer la campagne électorale au Royaume-Uni, a répondu jeudi le président du Parlement européen Antonio Tajani depuis Bruxelles. Nous avons seulement dit que nous allons défendre nos intérêts”.

Sur le front intérieur, la première ministre a aussitôt été accusée par ses adversaires politiques d’instrumentaliser le Brexit à des fins électorales. “Transformer l’UE en épouvantail n’est qu’une manoeuvre de diversion pour cacher le bilan des conservateurs”, a réagi la Première ministre d’Ecosse Nicola Sturgeon.

“Il s’agit de négociations vitales pour tout un chacun au Royaume-Uni et pour le futur de notre pays. Mais Theresa May place les intérêts de parti avant les intérêts nationaux”, a dénoncé le chef de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn.

Dynamique des partis

Alors que les sondages promettent aux conservateurs une large victoire aux législatives, les résultats des élections de jeudi pourraient donner un élément d’information sur la dynamique des Tories avant le 8 juin. Les résultats d’un scrutin local ne sauraient toutefois présager de ceux des législatives, préviennent les analystes. Les élections locales se jouent souvent autour de problématiques locales et la participation y est plus faible.

Comme le résume le journal en ligne The Independent, ce scrutin “nous dira quelque chose à propos ce qui se passera le 8 juin. Mais pas tout”. Il devrait par exemple donner une petite idée de l’état de santé des travaillistes, que les sondages placent une vingtaine de points derrière les conservateurs aux législatives.

Du côté des autres forces politiques, les centristes pro-UE du Parti libéral-démocrate, balayés lors des législatives de 2015, espèrent se refaire une santé jeudi pour affronter le scrutin de juin dans de bonnes conditions. Le parti europhobe et anti-immigration Ukip, en perte de vitesse maintenant que la sortie de l’Union européenne – sa raison d’être – est sur les rails, risque lui de perdre gros.

Les regards seront aussi tournés vers l’Ecosse, où Mme Sturgeon espère conforter l’assise de son parti, le SNP, pour faire progresser l’idée d’un deuxième référendum d’indépendance.

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