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Enfants: les inégalités se creusent dans plusieurs pays riches

(Keystone-ATS) Éducation, santé, revenu, satisfaction à l’égard de leur vie: les enfants sont encore loin d’être égaux dans les pays riches. Le fossé se creuse dans plusieurs d’entre eux, selon un rapport de l’Unicef publié jeudi. La Suisse fait bonne figure.

Un constat: “les progrès en vue de réduire les inégalités de bien-être entre les enfants sont assez faibles”, relève ce rapport du centre de recherche Innocenti de l’Unicef. L’étude propose un classement de ces disparités dans 41 pays de l’OCDE et de l’Union européenne.

Dans de nombreux Etats, “le fossé s’est davantage creusé entre les enfants les plus défavorisés et leurs pairs depuis les années 2000”, souligne ce “Bilan Innocenti 13”, rédigé par John Hudson et Stefan Kühner. Il brosse un tableau aux tendances globales décevantes.

Au classement général qui regroupe les quatre critères analysés, la Suisse partage la deuxième place avec la Finlande et la Norvège. “Les trois pays se situent toujours dans le premier tiers des tableaux, sauf en ce qui concerne l’éducation”, relève le rapport. Le Danemark fait la course en tête.

La Suisse fait donc bonne figure en ce qui concerne la santé, le revenu et la satisfaction à l’égard de leur vie. Outre l’Autriche qui se classe juste derrière la Suisse, les autres pays voisins sont loin derrière. L’Allemagne est quatorzième, la France vingt-huitième et l’Italie trente-deuxième.

Santé

“Aucun pays n’a véritablement réussi à réduire l’écart concernant les problèmes de santé signalés par les enfants” (maux de tête, de dos, de ventre, insomnies…). Les inégalités se sont même accrues dans 25 pays, avec des hausses considérables en Irlande, à Malte, en Pologne et en Slovénie.

Chez les adolescents, “les disparités entre les sexes sont répandues et persistantes” en matière de santé et les filles ont plus de risques d’être laissées pour compte. Dans dix pays, ces disparités ont même augmenté.

“Particulièrement alarmant”

Du côté de l’éducation, “très peu de pays sont parvenus à réduire à la fois l’écart de réussite et le nombre d’élèves en difficulté en lecture”. Auparavant exemplaires, la Finlande et la Suède ont même vu augmenter les inégalités et le niveau de réussite baisser.

Quant à la Suisse, elle pointe au milieu du classement, à la vingtième place. Concrètement cela signifie que l’écart entre les enfants défavorisés et ceux qui se situent dans la moyenne est relativement grand. En revanche, en comparaison d’autres pays, très peu d’enfants quittent l’école sans avoir de connaissances suffisantes en Suisse.

Dans tous les pays de l’OCDE, les enfants les plus défavorisés éprouvent un retard équivalant à trois ans de scolarisation en lecture par rapport à “l’enfant moyen”.

En Bulgarie, au Chili, au Mexique et en Roumanie, près d’un quart des élèves de 15 ans ne disposent pas des aptitudes et compétences nécessaires pour résoudre des exercices de base en lecture, mathématiques et sciences. Ce que l’Unicef juge “particulièrement alarmant”.

Influence de la crise

Conséquence de la crise, dans 19 des pays examinés, dont l’Espagne, la Grèce, l’Italie et le Portugal, mais aussi Israël, le Japon et le Mexique, les enfants les plus pauvres disposent de moins de la moitié des revenus de l’enfant moyen de leur pays.

Quant à l’écart de “satisfaction dans la vie”, il s’est creusé dans plus de la moitié des pays, en particulier en Belgique, Espagne et République tchèque.

En Allemagne, en Espagne, aux États-Unis, en Islande, Irlande et Italie, les enfants issus de l’immigration font également état d’un plus faible niveau de satisfaction à l’égard de leur vie que les autres. De même pour les filles en général.

Sport et alimentation

Au chapitre des bonnes nouvelles, les inégalités dans la pratique d’une activité physique et en matière de mauvaises habitudes alimentaires ont diminué dans la majorité des pays riches.

Certains des pays aux taux de handicap éducatif les plus élevés (Chili, Mexique, Roumanie…), ont également enregistré une forte diminution des écarts de réussite et une hausse du niveau général de compétence.

Les pays baltes ont pour leur part réduit les inégalités de satisfaction des enfants à l’égard de leur vie. D’autres, comme la Finlande ou la République tchèque, ont aussi vu les écarts de revenus se réduire entre 2008 et 2013.

Le rapport repose sur les données disponibles les plus récentes mais celles-ci varient selon les pays, de 2007 à 2014. Une conférence organisée par l’Unicef, “Plus d’égalité pour les enfants”, doit réunir jeudi des experts internationaux à Paris.

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