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Enquête française sur la mort de Yasser Arafat: non-lieu confirmé

Yasser Arafat - ici en 2002 - est mort en novembre 2004. La justice française a confirmé vendredi le non-lieu prononcé par les magistrats chargés de l'enquête pour "assassinat" (archives). KEYSTONE/AP/LEFTERIS PITARAKIS sda-ats

(Keystone-ATS) La justice française a confirmé vendredi le non-lieu prononcé par les magistrats chargés de l’enquête pour “assassinat” ouverte après la mort en 2004 de Yasser Arafat, a-t-on appris de source judiciaire. Ce non-lieu est contesté par la veuve du raïs palestinien.

“Le non-lieu est confirmé du fait du rejet des demandes de supplément d’information”, a précisé cette source.

Convaincus que la justice a refermé trop vite le dossier alors que “personne n’est aujourd’hui capable d’expliquer la mort de Yasser Arafat”, Francis Szpiner et Renaud Semerdjian, avocats de Souha Arafat, avaient fait appel du non-lieu en septembre 2015 et demandé l’annulation d’une expertise-clé pour l’enquête.

La cour d’appel de Versailles, près de Paris, a également refusé d’annuler cette expertise. Sa décision, conforme aux réquisitions du parquet général, peut encore faire l’objet de recours.

Pas de preuve suffisante

Dans leur ordonnance de non-lieu, les trois juges avaient estimé “qu’à l’issue des investigations (…), il n’est pas démontré que M. Yasser Arafat a été assassiné par empoisonnement au polonium 210, et il n’existe pas de preuve suffisante de l’intervention d’un tiers qui aurait pu attenter à (sa) vie”. Aucune mise en examen n’a été prononcée dans cette affaire.

Yasser Arafat est décédé le 11 novembre 2004 à l’hôpital militaire Percy de Clamart, près de Paris, après une brusque détérioration de son état de santé, et les causes de sa mort n’ont jamais été élucidées. Il y avait été admis fin octobre pour des douleurs abdominales dans son QG de Ramallah, où il vivait confiné depuis décembre 2001, encerclé par l’armée israélienne.

Les magistrats étaient saisis de cette enquête depuis août 2012, après une plainte contre X déposée par Souha Arafat à la suite de la découverte de polonium 210, substance radioactive hautement toxique, sur des effets personnels de son mari.

Rapport suisse

Début novembre 2013, le directeur du Centre universitaire romand de médecine légale (CURML) Patrice Mangin avait indiqué que le rapport suisse soutenait “raisonnablement” que le décès de Yasser Arafat a été la conséquence d’un empoisonnement au polonium 210. Son équipe avait mesuré des quantités de polonium jusqu’à 20 fois supérieures à ce qu’ils ont l’habitude de trouver.

Le rapport français évoquait certes des niveaux de polonium 210 similaires à ceux trouvés par la Suisse. Les experts mandatés par les juges français ont cependant à deux reprises écarté la thèse de l’empoisonnement, estimant que la présence dans l’environnement extérieur d’un gaz radioactif naturel, le radon, expliquerait les fortes quantités de polonium enregistrées dans sa sépulture et sur sa dépouille.

Apparition mystérieuse

Dans leurs expertises complémentaires, les Français avaient ré-exploité des données brutes issues de l’analyse en 2004 par le service de protection radiologique des armées d’échantillons d’urine prélevés sur Yasser Arafat lors de son hospitalisation. Ils n’y ont pas trouvé de polonium 210.

Les avocats s’interrogent sur l’apparition “mystérieuse” de ces résultats d’analyses d’urine. Selon eux, ces éléments ne figuraient pas au dossier, motif suffisant pour annuler l’expertise complémentaire.

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