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EPFL: réduire le coût des biocarburants grâce aux déchets végétaux

(Keystone-ATS) Le coût élevé des biocarburants peut être réduit en valorisant les déchets végétaux, par exemple en les transformant en composés chimiques de haute valeur. C’est le constat d’une étude de l’EPFL sur les résidus de fabrication d’huile de palme au Brésil.

Pour que les biocarburants offrent une alternative durable aux énergies fossiles, différents obstacles restent à franchir. L’un des plus importants est le prix, qui doit être réduit pour que ces carburants deviennent compétitifs, a indiqué vendredi l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) dans un communiqué.

Un des moyens d’y parvenir est de rendre le processus global de production économiquement viable en transformant la biomasse en produits à haute valeur destinés à l’industrie chimique.

Dans le journal “Industrial Crops and Products”, ces chercheurs de l’EPFL démontrent qu’une source spécifique de biomasse – les résidus agricoles provenant de la fabrication d’huile de palme au Brésil – peut servir à développer du bioéthanol ainsi que deux autres produits supplémentaires: du furfural, un composé très utilisé dans le monde industriel, et de la lignine, un combustible solide qui pourrait trouver sa place dans les bioraffineries du futur.

Résidus fibreux jetés

Les fruits du palmier poussent en grappes, qui sont récoltées puis pressées pour en extraire de l’huile. Celle-ci est entre autres utilisée en cuisine, pour la confection de cosmétiques et la production de biodiesel. Les résidus fibreux restant au terme du processus de production sont généralement jetés.

Or, comme l’expliquent Edgard Gnansounou et Jegannathan Kenthorai Raman, du Groupe de recherche sur les bioénergies et la planification énergétique, ces déchets sont loin d’être sans valeur. “On peut en faire au moins trente composés chimiques différents”, expliquent-ils dans le communiqué.

Leur travail a consisté à déterminer la composition de ces résidus et d’optimiser le processus chimique destiné à leur transformation. Toutes ces données seront ensuite intégrées à l’examen de l’impact environnemental et des coûts économiques d’une telle bioraffinerie.

Vers la bioraffinerie

On peut en effet abaisser le prix du biocarburant en adoptant le concept des bioraffineries pour produire des composés supplémentaires tels que le furfural, qui a de nombreuses applications dans l’industrie chimique. Il est notamment utilisé pour la fabrication de fongicides, d’adhésifs spéciaux, de saveurs ou de solvants.

Pour le moment, les bioraffineries n’existent que sur le papier ou comme modèles informatiques. Une fois concrétisées, elles pourront transformer et valoriser une grande partie des résidus agricoles, tels que les enveloppes de riz, les tiges et les feuilles de maïs, la paille de blé et tous les déchets verts issus des tailles de forêts ou de jardins.

Ces résidus ont une structure commune – une alternance de longues et de plus courtes chaînes de polymères de sucre (cellulose et hémicellulose) contenant de la lignine dure et difficile à digérer. C’est pourquoi ils peuvent être traités de manière similaire.

Pour des carburants durables

La matière première utilisée pour la fabrication de biocarburants entre potentiellement en compétition avec les cultures alimentaires, et leur production n’est pas sans susciter des controverses.

Mais selon les chercheurs, la deuxième génération de ces carburants pourrait bien résoudre ce problème en recourant uniquement à une biomasse issue de récoltes non-arables ou de déchets agricoles communément destinés à être incinérés ou abandonnés dans les champs.

Cela nécessite toutefois la mise en place de solutions durables pour rassembler cette biomasse, ainsi qu’une amélioration des processus technologiques dans les bioraffineries.

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