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EPFZ: nouveau riz OGM enrichi pour combattre la “faim cachée”

Le riz rassasie mais ne fournit pas tous les éléments nutritifs nécessaires à l'être humain. La nouvelle variété OGM développée à l'EPFZ s'enrichit naturellement en fer, zinc et bêta-carotène. EPFZ/Navreet Bhullar sda-ats

(Keystone-ATS) Le riz est le moyen de subsistance quotidien de près de la moitié de la population mondiale, mais il ne contient que peu ou pas de certains micronutriments essentiels. Des chercheurs de l’EPFZ ont développé par génie génétique un nouveau riz qui comble ces lacunes.

Des scientifiques de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) avaient déjà créé en 2000 une variété appelée “Golden Rice”, un riz OGM couleur or qui s’enrichit naturellement en provitamine A (bêta-carotène). Objectif: résoudre le problème de carence en vitamine A pouvant conduire à la cécité, dont souffrent plus de 100 millions d’enfants dans le monde.

En 2009 rebelote, la haute école présente un riz génétiquement modifié dont la teneur en fer est six foix plus élevée, afin d’atténuer le manque de fer des populations dans les pays en développement. Ces produits avaient suscité à l’époque une certaine polémique et des critiques de la part des milieux environnementaux et tiers-mondistes.

Aujourd’hui, une version améliorée du “Golden Rice” est utilisée dans les programmes de développement de semences de plusieurs pays, en Asie du sud-est principalement.

Variété polyvalente

Dans un nouvel article publié par la revue Scientific Reports, une équipe de l’EPFZ présente maintenant une nouvelle variété, polyvalente. Navreet Bhullar et ses collègues sont parvenus à y introduire quatre gènes augmentant la teneur des grains en fer, zinc et bêta-carotène.

Il a fallu des années de travail aux chercheurs pour parvenir à cette performance. La nouvelle sorte contient certes moins de bêta-carotène que la version optimisée “Golden Rice 2”, mais l’apport en vitamine A est tout de même notablement accru, indique Mme Bhullar, citée dans un communiqué de l’EPFZ.

Les quatre gènes ont été placés ensemble à un endroit (locus) bien précis et invariable du génome – sur un chromosome -, ce qui facilitera leur transfert par croisement à d’autres variétés de différents pays, selon les chercheurs.

Essais en plein champ

Ces plantes en sont au stade des tests et ne poussent que dans des serres. Des essais contrôlés en plein champ devraient avoir lieu l’an prochain, précise l’EPFZ.

Pour la chercheuse, il faudra attendre encore au moins cinq ans avant que ce riz puisse être utilisé dans la lutte contre la malnutrition. De nombreux tests agronomiques et de sécurité biologique sont encore nécessaires.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, deux milliards de personnes souffrent d’un manque de fer. Une carence qui se traduit par de l’anémie, un retard du développement cérébral ou encore une mortalité mère-enfant accrue.

Le manque de vitamine A provoque chaque année 500’000 cas de cécité irréversible et un à deux millions de morts dans le monde. Le régime alimentaire de plus de 100 millions d’enfants, selon l’UNICEF, présente une insuffisance en vitamine A, avec à la clé un affaiblissement du système immunitaire et diverses maladies opportunistes.

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