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Erdogan maintient son pari risqué et convoque des élections en Turquie

(Keystone-ATS) Le président islamo-conservateur turc Recep Tayyip Erdogan, accusé de vouloir gouverner seul, a formellement convoqué lundi de nouvelles élections législatives. Il a ainsi pris un pari risqué en pleine résurgence des violences avec les rebelles kurdes.

L’homme fort de Turquie et le président du parlement, Ismet Yilmaz, se sont rencontré près de quatre heures, préalable à la formation d’un gouvernement de transition qui doit mener la Turquie à des législatives anticipées.

“Sur un constat d’échec, en dépit de tout les contacts réalisés depuis le 9 juillet, un conseil des ministres n’a pu être formé (…) De ce fait, en vertu des pouvoirs qui lui sont conférés, M. Le président a décidé d’un renouvellement des élections parlementaires”, souligne le texte publié au terme de cette longue réunion.

La date des nouvelles élections n’est pas précisé dans le document mais M. Erdogan avait déjà indiqué avoir retenu le dimanche 1er novembre pour cette nouvelle consultation.

Impasse politique

La Turquie est dans une impasse politique depuis les législatives du 7 juin qui ont vu le Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan perdre la majorité absolue qu’il détenait depuis 2002, le contraignant à trouver un partenaire pour continuer de gouverner.

En vain. Les tractations du Premier ministre Ahmet Davutoglu avec l’opposition n’ont rien donné, et l’impasse politique s’est doublée d’une crise sécuritaire avec la reprise des combats entre l’armée et la rébellion du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Alors que la date-limite pour la formation d’un nouveau gouvernement expirait dimanche, M. Erdogan aurait dû faire appel au chef de l’opposition social-démocrate (CHP, Parti républicain du peuple), Kemal Kiliçdaroglu.

Mais le chef de l’Etat a une nouvelle fois rompu avec la tradition et la Constitution, justifiant son refus par le fait que ce dirigeant refuse de reconnaître son autorité.

Décision risquée

Pour certains analystes, la décision de M. Erdogan de provoquer des législatives anticipées est risquée, vu le climat délétère et de confusion générale qui règne depuis plusieurs semaines en Turquie.

Les récents sondages montrent cependant une progression de l’AKP à 43% d’intentions de vote (contre 41% aux législatives de juin), ce qui lui permettrait de retrouver sa majorité.

Pour le chercheur à Carnegie Europe, Marc Pierini, l’AKP va sans doute obtenir davantage de voix, qui lui permettront de former seul un gouvernement, mais pas assez pour réformer la Constitution et de présidentialiser le système, comme le veut M. Erdogan.

Celui-ci ambitionne de sortir renforcé du scrutin en captant le suffrage nationaliste alors que la guérilla kurde inflige quotidiennement des pertes dans les rangs de l’armée et de la police.

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