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Erwin Sperisen plaidera à nouveau son acquittement

Erwin Sperisen (à droite), a reçu il y a quelques jours, à Genève, le soutien de l'ancien président du Guatemala Oscar Berger (au centre). KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) Erwin Sperisen est jugé pour la troisième fois par la justice genevoise. Son procès pour assassinats s’ouvre lundi devant la Chambre pénale d’appel et de révision. L’ancien chef de la police nationale du Guatemala va plaider son acquittement.

Surnommé le Viking, en raison de sa stature imposante et de sa chevelure rousse, Erwin Sperisen a dirigé la police guatémaltèque de 2004 à 2007. Le prévenu, qui dispose aussi de la nationalité suisse, est accusé d’avoir, durant cette période, participé directement ou indirectement à l’exécution extrajudiciaire de dix détenus.

Pour ces faits, il a été condamné à deux reprises à la prison à vie, une fois en première instance et une fois en appel. Le Tribunal fédéral a cassé le dernier jugement et demandé la tenue d’un nouveau procès, estimant que le droit d’être entendu d’Erwin Sperisen avait été violé et qu’il n’avait pu être confronté à des témoins clés.

Fusillade

La défense du prévenu, emmenée par les avocats Giorgio Campa et Florian Baier, soutient qu’Erwin Sperisen n’a jamais donné un ordre visant à faire exécuter des détenus. Lors de la reprise, en 2006, du pénitencier de Pavon par les forces de sécurité guatémaltèques, sept prisonniers avaient été tués dans des circonstances troubles.

L’établissement pénitentiaire était tombé sous le contrôle des détenus qui menaient toutes sortes de trafics et les autorités avaient décidé d’y mettre un terme. Erwin Sperisen était sur place pour superviser l’opération. Il affirme que les détenus ont trouvé la mort au cours d’un affrontement armé avec la police.

Exécutions

Le Ministère public genevois, représenté par le premier procureur Yves Bertossa, ne croit pas une seconde à cette version. Il soutient que les prisonniers ont été abattus par un commando, un escadron de la mort réunissant des membres des forces de sécurité et des personnes externes.

Le Tribunal fédéral (TF) dans son arrêt demandant la tenue d’un nouveau procès ne conteste d’ailleurs pas ce point et estime que les détenus ont été exécutés sommairement et arbitrairement.

La défense d’Erwin Sperisen affirme pour sa part que les témoignages sur lesquelles repose la condamnation de leur client sont hautement contestables et proviennent de repris de justice. Elle dénonce également l’emploi de photographies truquées prises lors de la reprise de contrôle du pénitencier de Pavon par les forces de police.

Plaignante contestée

Enfin, les avocats de l’ex-chef de la police du Guatemala s’indignent du fait que l’unique plaignante dans cette affaire, une mère qui a perdu son fils, ignore tout du procès genevois. Ils ont demandé que cette femme soit entendue lors des débats et déplorent le refus de la présidente du tribunal d’accéder à leur requête.

Erwin Sperisen a été arrêté à Genève en août 2012. Il a passé cinq ans en détention préventive avant d’être remis en liberté l’automne dernier tout en étant assigné à résidence. Les avocats du prévenu, qui ont multiplié les recours et les démarches dans cette procédure, vont demander l’acquittement de leur client.

Si Erwin Sperisen ressort blanchi des débats, il promet de réclamer une indemnisation financière “à la hauteur du préjudice considérable” qu’il dit avoir subi. Lors de ce troisième procès, deux témoins viendront à la barre. Il s’agit de deux enquêteurs de la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG).

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