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Espèce supposée disparue trouvée dans le Lac de Constance

La truite Salvelinus profondus vit à 80 mètres de profondeur et uniquement dans le lac de Constance. Eawag sda-ats

(Keystone-ATS) Des chercheurs de l’Institut de recherche sur l’eau Eawag ont retrouvé dans le lac de Constance une espèce de truite d’eaux profonde indigène que l’on croyait éteinte. La nouvelle a été annoncée mardi dans le cadre d’un colloque au Musée des transports à Lucerne.

Plus de 250 experts en sciences, gestion des eaux, administration et politique ont pu prendre connaissance des derniers résultats et tendances dans la recherche lacustre, a indiqué l’Eawag dans un communiqué. Cette journée d’information était organisée dans le cadre du centenaire du laboratoire de recherche lacustre de Kastanienbaum (LU), sur les rives du lac des Quatre-Cantons.

Dans le cadre du “Projet Lac”, l’Eawag a étudié de 2010 à 2015 la diversité des poissons dans les lacs périalpins, en collaboration notamment avec l’Université de Berne. Il a réussi à prouver l’existence de 70 espèces de poisson.

Dans la plupart des lacs, les anciennes espèces vivant en profondeur ont disparu. Dans le lac de Zoug, par exemple, dont la profondeur atteint 197 mètres, il n’y a plus guère de poissons en dessous de 30 mètres.

Espèce classée disparue

Néanmoins, en procédant à une recherche ciblée, on a retrouvé dans le lac de Constance plusieurs exemplaires du Salvelinus profondus, une truite d’eaux profondes indigène, vivant exclusivement dans ce lac. Cette espèce souvent pêchée dans le lac de Constance jusque dans les années 1960, avait été déclarée éteinte en 2008 par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

La truite d’eau profonde vivait à environ 80 mètres de profondeur et se nourrissait de turbellariés, de microcrustacés et de coquillages. Les chercheurs vont tenter d’évaluer à l’avenir l’ampleur de la population d’où proviennent les exemplaires récemment découverts.

Déjà il y a 2000 ans

Autre découverte présentée mardi, une carotte de sédiments longue de 10 mètres prélevée dans le lac de Morat a permis aux chercheurs de l’Eawag de reconstituer l’histoire de l”exploitation des sols autour du lac. Une analyse a révélé une modification rapide des sédiments vers l’an 100 avant J.-C., lorsque les Romains ont commencé à déboiser à grande échelle les forêts entourant le lac.

En peu de temps, une bonne partie du sol a été lessivée, emportant avec elle un grand nombre de nutriments. On peut donc dire que le lac de Morat a déjà été surfertilisé il y a 2000 ans. Ce n’est qu’après la chute de l’Empire romain, et suite à plusieurs périodes marquées par un climat nettement plus froid au début du Moyen Âge, que la surfertilisation a baissé.

Résistances aux antibiotiques

Enfin, une autre étude a mis en évidence dans les sédiments du lac Léman, devant Lausanne, qu’il y avait plus souvent des gènes de résistance aux antibiotiques à proximité des points de déversement des stations d’épuration. Le risque sanitaire de cette charge est jugé “très faible”.

Malgré tout, les chercheurs impliqués dans ces travaux sont d’avis de veiller, lors de la modernisation des STEPS, à ajouter des étapes de traitement agissant contre les micropolluants. Cela afin d’éviter autant que possible la transmission de ces gènes à des bactéries environnementales.

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