Expert financier condamné à une peine de 17 ans pour l’assassinat d’une prostituée à Zurich
(Keystone-ATS) L’ancien expert financier qui a tué une prostituée polonaise de 25 ans dans une chambre de l’hôtel de luxe zurichois Dolder Grand en septembre 2014 écope de 17 ans de prison. Le Tribunal de district zurichois l’a reconnu coupable d’assassinat.
L’homme âgé de 49 ans a déjà passé trois années en détention depuis son arrestation. Il lui reste donc 14 ans à purger. Il devra en outre verser à la famille de la victime 37’500 francs de réparation pour tort moral.
Dans son jugement prononcé jeudi, la Cour a largement suivi l’avis du procureur qui demandait une peine de 18 ans de prison. La défense avait, elle, plaidé le meurtre sous la forme d’un crime relationnel survenu dans le feu de l’action. L’avocat de l’accusé avait demandé que la peine de son client ne dépasse pas dix ans et demi.
Les juges n’ont pas cru à la version présentée par la défense. Celle de l’accusation les a, en revanche, convaincus. “Tout indique que le meurtre a été planifié, rien n’indique le contraire”, a déclaré le président du tribunal. L’accusé “savait très bien ce qu’il faisait”. Il a agi sans scrupule, estime la Cour.
Descente aux enfers d’un mégalo
Le quadragénaire a assassiné la jeune Polonaise de 25 ans afin de ne pas être rejeté, alors même qu’il en était tombé amoureux, avait insisté le procureur durant le procès. L’homme n’avait pas surmonté une situation identique avec une autre prostituée deux ans plus tôt. Celle-ci avait quitté la Suisse en mai 2012.
Ancien chef des placements financiers d’une caisse de pension argovienne, l’homme a perdu pied après un burnout et son retrait de la vie active. Il dépensait sa fortune dans un bordel, en se donnant un rôle de libérateur de prostituées: il les invitait à partager sa vie aisée.
Pour exprimer sa mégalomanie narcissique, l’accusé dépensait 25’000 francs par mois, principalement dans le milieu de la prostitution. Proche de la ruine, il a voulu, en vain, conquérir le coeur de sa victime qui avait, depuis une dizaine de mois, des relations sexuelles avec lui et accordait son temps contre rémunération.
Une grande valise
Le tribunal est parvenu à la conclusion que l’accusé, dépressif, a planifié et commis froidement son crime pour ne pas subir une nouvelle humiliation. La victime s’apprêtait à prendre l’avion pour la Pologne lorsqu’il l’a invitée à l’hôtel de luxe Dolder Grand.
Le prévenu a amené une grande valise à l’hôtel dans un but précis. Il a en outre drogué sa victime avec du valium.
Après le crime, il a transporté la valise contenant le corps en voiture jusqu’au domicile qu’il partageait avec sa compagne. Il a ensuite placé la valise et son contenu dans un réfrigérateur à vins en y ajoutant des diffuseurs contre les mauvaises odeurs. L’homme a été arrêté une dizaine de jours plus tard.
Préméditation niée
Durant le procès, le prévenu a fait part de ses regrets, mais il a nié toute préméditation. Il a décrit une véritable relation amoureuse avec la victime qui aurait même voulu emménager chez lui. Le quadragénaire aurait toutefois décidé de poursuivre la relation de couple qu’il entretenait avec sa compagne. D’après ses dires, il aurait étranglé la jeune femme après avoir été lourdement insulté par sa victime.
Bouleversé et confus, l’accusé s’est fondu en contradictions dès le début de la procédure pénale et durant les audiences, notamment en tentant de justifier la présence de la grande valise à l’hôtel. Il a d’abord dit qu’il souhaitait l’offrir à la jeune femme. Puis, il a déclaré qu’il avait voulu s’en servir pour se débarrasser d’objets.
