Des perspectives suisses en 10 langues

Exposition à Zurich sur les 500 ans de la bataille de Marignan

(Keystone-ATS) Le Musée national suisse à Zurich célèbre les 500 ans de la bataille de Marignan en consacrant une grande exposition à cette confrontation sanglante. L’événement survient sur fond de polémiques entre historiens et politiciens sur l’apparition du concept de neutralité.

L’exposition “1515 Marignan” comprend trois points forts: le poids de Milan en tant que pomme de discorde des puissances européennes au XVIe siècle, l’affrontement militaire qui a eu lieu dans cette région et les effets de la paix de 1516 pour les Suisses. Les visiteurs se retrouvent ainsi au coeur de l’histoire européenne, entre guerre et diplomatie.

L’exposition s’intéresse à un “épisode extraordinaire” de l’histoire helvétique, a relevé mercredi à Zurich Andreas Spillmann, directeur du Musée national suisse. Loin des polémiques, l’institution souhaite donner des clés de compréhension.

Présentation attrayante

Conviée à une visite avant l’ouverture vendredi, la presse a découvert une exposition qui présente chronologiquement les événements menant jusqu’à la bataille des 13 et 14 septembre 1515, qui a opposé François 1er et ses alliés vénitiens aux mercenaires suisses défendant le duché de Milan. Objets, tableaux et reportages explicatifs assurent la compréhension du contexte de l’époque.

Ainsi, pas moins de 250 objets prestigieux sont réunis sur les bords de la Limmat, en provenance de Suisse et de l’étranger. Parmi eux figurent des portraits de ducs et de généraux en chef, ainsi que des objets pillés par les Confédérés en Bourgogne, témoignant de la montée en puissance des Suisses sur le plan militaire.

La portée de la retraite

Des dessins d’artistes célèbres montrent en outre la violence et l’horreur qui a régné sur le champ des combats dans la région de Milan, une vingtaine d’heures durant. Qualifiée de “bataille des géants” par un meneur de mercenaires, la bataille de Marignan a fait entre 10’000 et 20’000 morts.

Le visiteur se trouvera plongé dans l’ambiance avec des images des hostilités et les sons des cors, le roulement des tambours et les tirs de l’artillerie française. La défaite des Confédérés peut être déplorée ou vue comme un retour aux anciennes valeurs d’une Confédération plus modeste, ont dit les concepteurs de l’exposition.

Mise en perspective

Au-delà, la bataille de Marignan a donné à la Suisse sa dimension italophone, après la mise en place des premiers baillis à Lugano et Locarno en 1513. Le traité de Fribourg, conclu en 1516, instaure une paix perpétuelle entre la monarchie française et les cantons suisses, un traité qui restera en vigueur jusqu’à la Révolution.

L’exposition met également en perspective la Suisse moderne qui, en 1890, a redonné une importance au souvenir de Marignan. Ferdinand Hodler a alors peint “La Retraite de Marignan”, une fresque en format géant, dont une esquisse détaillée est à voir au Musée national.

Ces derniers mois, la portée de cet événement dans l’histoire de la Suisse a fait l’objet des débats entre spécialistes et politiciens. Les uns y voient un tournant amenant la Confédération à sortir de la politique des grandes puissances pour adopter celle de la neutralité. D’autres protestent contre l’appropriation nationale-conservatrice du “mythe de Marignan”.

L’exposition “1515 Marignan” fermera ses portes le 28 juin prochain.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision