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Facebook reconnaît qu’il n’a pas assez fait pour empêcher les abus

Lors d'une audition au Parlement européen, le PDG de Facebook s'est déclaré disposé à réaliser d'importants investissements pour protéger les données des utilisateurs de Facebook, des améliorations qui devraient avoir un impact significatif sur sa rentabilité. Keystone/EPA/STEPHANIE LECOCQ sda-ats

(Keystone-ATS) Le PDG de Facebook Mark Zuckerberg a présenté mardi ses excuses devant les députés européens. Il a reconnu que le réseau social n’avait pas fait tout ce qu’il fallait pour empêcher les abus.

Lors d’une audition au Parlement européen, il s’est déclaré disposé à réaliser d’importants investissements pour protéger les données des utilisateurs de Facebook, des améliorations qui devraient avoir un impact significatif sur sa rentabilité. “Nous n’avons pas adopté une vision suffisamment large de notre responsabilité. C’était une erreur et je le déplore”, a dit Mark Zuckerberg dans sa déclaration préliminaire.

Le format de l’audition a provoqué beaucoup de frustration: le temps consacré aux questions a été beaucoup plus long que les réponses de l’Américain. Elle s’est déroulée devant les chefs de groupes politiques du Parlement. Et sous la pression de plusieurs d’entre eux, elle a finalement été diffusée en direct sur internet.

Cette audition a lieu trois jours avant l’entrée en vigueur de nouvelles règles européennes en matière de protection des données. Les entreprises qui ne les respecteront pas seront passibles d’amendes allant jusqu’à 4% de leur chiffre d’affaires mondial.

Déjà devant le Congrès américain

Facebook fait l’objet d’une attention particulière des deux côtés de l’Atlantique depuis les révélations de la mi-mars sur le détournement des données personnelles de 87 millions d’utilisateurs, dont 2,7 millions vivent dans l’Union européenne (UE), au profit de Cambridge Analytica, un cabinet de conseil politique qui a notamment travaillé pour le compte de Donald Trump pendant la campagne présidentielle de 2016.

Entendu en avril par le Congrès américain, M. Zuckerberg avait présenté ses excuses mais n’avait pas dissipé toutes les interrogations sur la politique de protection des données de son entreprise. Mardi, il a refusé de répondre à des questions spécifiques sur l’utilisation croisée de données de son service de messagerie WhatsApp, qui compte plus d’un milliard d’utilisateurs quotidiens et le blocage de publicités.

Comme il l’avait fait devant le Congrès, il a indiqué qu’il y répondrait plus tard par écrit. Il a toutefois ajouté que Facebook serait en conformité avec le Règlement général sur la protection des données des résidents de l’Union européenne (RGPD), qui entrera en vigueur le 25 mai, soulignant l’engagement du groupe en Europe où il emploiera 10’000 personnes d’ici la fin de l’année.

“Vagues promesses”

“Vagues promesses”, ont critiqué les chefs du groupes des Verts au Parlement, Philippe Lamberts et Ska Keller. “Pas très convaincant”, a jugé Manfred Weber, le chef du Parti du peuple européen (PPE, droite, principale force politique dans l’hémicycle). Car l’audition bruxelloise a été suivie d’un concert de commentaires où transparaissait la déception.

“Ce que cette audition a mis en lumière, c’est qu’on ne sait toujours pas à quel point les données personnelles ont été utilisées à mauvais escient. Jusqu’à ce qu’on sache vraiment ce qui s’est passé, et se passe encore, Facebook et les législateurs ne peuvent pas mettre en place les bonnes solutions pour empêcher les mêmes problèmes (de se répéter) à l’avenir”, a déploré Syed Kamall, le leader des conservateurs.

“Le Congrès américain avait le bon format d’audition, mais n’a posé que des questions faciles. Le Parlement avait les bonnes questions, mais un format facile qui a permis à Zuckerberg d’éviter les réponses”, a résumé l’eurodéputé écologiste allemand Sven Giegold.

Depuis le scandale Cambrige Analytica, Facebook a suspendu 200 applications sur ses plate-formes dans le cadre d’un examen des applications tierces qui ont accès à de grandes quantités de données d’utilisateurs. Cambrige Analytica et sa société-mère britannique SCL Elections se sont déclarées en faillite et ont mis la clé sous la porte.

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