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Fasciné par Breivik, le tireur de Munich se préparait depuis un an

Alors que le voile se lève peu à peu sur les agissements du tireur, les hommages aux victimes s'accumulent devant le centre commercial où a eu lieu la fusillade. KEYSTONE/EPA DPA/SVEN HOPPE sda-ats

(Keystone-ATS) Le jeune forcené qui a tué neuf personnes vendredi soir à Munich prévoyait depuis l’été dernier de commettre un carnage. Il avait acheté son arme illégalement sur internet, mais il n’a pas choisi spécifiquement ses victimes.

La police de la capitale de Bavière a levé une partie du voile dimanche sur la manière dont ce Germano-Iranien de 18 ans, souffrant de troubles psychiatriques, s’y est pris pour planifier son passage à l’acte.

Outre la fascination qu’il portait à Anders Behring Breivik, auteur d’un massacre en Norvège il y a cinq ans, la police estime que le tireur a été influencé par une précédente crise de folie meurtrière en Allemagne. A Winnenden (sud-ouest de l’Allemagne), en mars 2009, un jeune homme de 17 ans avait tué 15 personnes dans son ancien collège, avant de se suicider.

“Les premières observations aboutissent à la conclusion qu’il s’est intéressé à cet acte” en allant visiter la ville et y prendre des photos il y a un an, a précisé Robert Heimberger, le chef de la police bavaroise, lors d’une conférence de presse. Le jeune homme a planifié ensuite “son propre acte” de tuerie.

Les photos, datées, ont été retrouvées sur son appareil photo. C’est ce qui permet aux enquêteurs de parler de préparatifs ayant duré une année.

Rien contre les étrangers

D’après l’enquête, l’auteur de la fusillade de vendredi n’a toutefois pas ciblé spécifiquement ses victimes aux abords du centre commercial, a précisé le procureur de Munich Thomas Steinkraus-Koch, durant cette conférence de presse. “Il n’y a ici rien contre les étrangers”, contrairement à ce qu’avaient envisagé des médias du fait de l’origine étrangère de nombreuses victimes.

Le quartier où a eu lieu la fusillade et l’établissement de restauration rapide étaient fréquentés surtout par des étrangers ou des Allemands d’origine immigrée. Ce qui explique la présence de beaucoup d’entre eux parmi les victimes.

Le tireur avait créé un faux compte Facebook en mai dernier, reprenant des photos et des données d’un compte existant, afin d’attirer des gens vers le restaurant où il a commencé à tirer, selon le chef de la police.

Rien ne permet de dire en l’état si les victimes se trouvaient ou non sur place après avoir répondu à l’invitation sur Facebook, où il promettait d’offrir repas et boissons. Les noms des personnes décédées ne figuraient pas parmi les gens ayant laissé des messages sur le faux compte Facebook.

Phobie sociale

Le jeune homme, qui fréquentait un collège à vocation professionnelle, a fait l’objet de harcèlement de la part d’autres jeunes. La police a précisé avoir ouvert une procédure en 2012 contre trois jeunes, tout en soulignant que cers derniers ne comptaient pas parmi les victimes de la fusillade.

D’après les documents médicaux retrouvés dans sa chambre, le jeune homme souffrait d’une “phobie sociale”. Cela signifie qu’il était atteint d’anxiété en présence d’autres personnes, a précisé le procureur.

Ses problèmes psychologiques l’ont conduit à un séjour de deux mois dans une unité psychiatrique en 2015, avant qu’il entame un traitement ambulatoire. Les enquêteurs ont retrouvé des médicaments liés au traitement dans sa chambre, mais ne savent pas s’il les prenait.

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