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Fats Domino, légende du rock’n’roll, est décédé à l’âge de 89 ans

Fats Domino s'était produit au Festival de jazz de Montreux en 1980 (archives). KEYSTONE/MAX VATERLAUS sda-ats

(Keystone-ATS) Le légendaire pianiste et chanteur américain Fats Domino est décédé mercredi à l’âge de 89 ans à La Nouvelle-Orléans. Il était le roi – salué par Elvis Presley – du rhythm’n’blues des Noirs aux Etats-Unis, précurseur du rock’n’roll des Blancs dans les années 1950.

L’auteur de “Blueberry Hill” souffrait d’un cancer. Des légendes du rock comme John Lennon et Paul McCartney lui ont notamment rendu hommage pendant leur carrière en chantant plusieurs de ses chansons.

Les disques de Fats Domino se sont écoulés à plus de 65 millions d’exemplaires, selon son site officiel.

Originaire de La Nouvelle-Orléans en Louisiane, le pianiste et chanteur, dont le vrai nom est Antoine Dominique Domino, a inspiré notamment Elvis Presley et les Beatles. Il doit son surnom de “Fats” à sa constitution physique ainsi qu’à la chanson “The Fat Man” (1949), son premier succès, considéré par certains comme l’une des toutes premières chansons rock de l’histoire.

Interrogé en 1957 sur les réactions très hostiles que suscitait parfois le rock’n’roll aux Etats-Unis, considéré par certains comme un genre décadant, il avait réagi avec candeur. “Autant que je sache, la musique rend les gens heureux”, avait-il répondu. “Je sais que moi, elle me rend heureux”.

Du boogie-woogie à 14 ans

Né le 26 février 1928 à La Nouvelle-Orléans dans une plantation de sucre où travaillent ses parents, Antoine Domino Jr. use davantage ses fonds de culotte devant son vieux piano que sur les bancs de l’école. Benjamin des huit enfants d’une famille de créoles catholiques, élevés dans la langue anglaise, il quitte l’école à onze ans pour travailler à l’usine.

Fan de musique, des gospels de la messe à celle du vieux gramophone familial, il apprend seul le piano et, à 14 ans, commence à jouer du boogie-woogie dans des clubs voisins. Il y rencontre Robert “Buddy” Hagans, qui l’accompagnera au saxo pendant 25 ans, avec le batteur Victor Leonard et le guitariste Rupert Robertson. Il fait des tournées avec le groupe de Billy Diamond.

Il a 21 ans lorsque Lee Chud, directeur de la maison de disques Imperial à Hollywood, lui fait signer son premier contrat. “Fats” Domino, présenté sous ce nom pour sa taille imposante et en référence au pianiste de jazz Fats Waller, enregistre alors une version modifiée de “The Junker’s Blues” rebaptisée “The Fat Man”. C’est immédiatement un grand succès à la radio et une source vive d’inspiration pour le rock’n’roll.

Nombreux tubes

Parmi ses nombreux tubes des années 1950, on peut citer “Goin’Home” qui, en 1952, devient numéro un au palmarès rhythm’n’blues et entre aussi dans le classement pop, puis “Ain’t that a Shame” suivi de “I’m Walkin'”, “All by Myself” et “Poor Me”, vedettes des juke-boxes.

En 1986, Fats Domino est classé officiellement parmi les dix plus grands artistes de rock’n’roll avec notamment Elvis Presley, Ray Charles, Chuck Berry, Little Richard, James Brown. En décembre 1987, il reçoit un Grammy Award – prestigieuse récompense américaine de la musique – pour l’ensemble de sa carrière, aux côtés de B.B.King et de Ray Charles.

Décoré par Bill Clinton

En 1995, l’Europe l’acclame lors d’une tournée avec Ray Charles et Little Richard mais une pneumonie lui fait perdre sa voix et il doit regagner les Etats-Unis prématurément. Trois ans plus tard, le président Bill Clinton lui décerne la médaille nationale des Arts.

Lors de l’ouragan Katrina qui a laminé La Nouvelle-Orléans et fait plus de 1800 morts en août 2005, Fats Domino et sa famille ont été contraints d’évacuer leur manoir dans son quartier natal du “Low Ninth Ward”. Fats et sa femme Rosemary, épousée lorsqu’il avait 19 ans et mère de ses huit enfants, ont alors déménagé de l’autre côté du fleuve Mississippi.

Au printemps 2006, il a sorti son dernier album “Alive and Kickin'” pour aider les musiciens amateurs de la région de La Nouvelle-Orléans. Elvis Presley avait estimé que Fats Domino “devrait être considéré comme le véritable roi du rock’n’roll”.

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