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Festival catastrophe aux Bahamas: l’organisateur condamné à six ans

L'entrepreneur William McFarland, 26 ans, risquait jusqu'à 20 ans de prison. Il en a écopé de six pour fraude (archives). KEYSTONE/AP/MARK LENNIHAN sda-ats

(Keystone-ATS) L’organisateur d’un festival de musique haut de gamme aux Bahamas, qui avait tourné au fiasco, fin avril 2017, a été condamné jeudi à six ans d’emprisonnement pour fraude. Ainsi en a décidé un juge fédéral de Manhattan.

L’entrepreneur William McFarland, 26 ans, avait plaidé coupable en deux temps, en mars et juillet, devant la juge Naomi Reice Buchwald, qui a prononcé jeudi sa peine. Il risquait initialement jusqu’à 20 ans de prison.

Le Fyre Music Festival, co-organisé avec le rappeur new-yorkais Ja Rule, avait été annulé dès son premier jour, le 28 avril 2017, en raison de son organisation. A leur arrivée dans l’archipel, des centaines d’amateurs de musique et de fête avaient découvert des tentes d’hébergement d’urgence et des sandwiches rudimentaires, loin du luxe promis.

Certains auraient déboursé jusqu’à 100’000 dollars par personne pour les offres VIP. Mais sur place, outre ces infrastructures limitées, nulle trace non plus des têtes d’affiche du festival, le groupe de rock Blink-182, ni des DJs britanniques Disclosure ou les rappeurs de Migos.

Excuses

Plus tard, de nombreux festivaliers avaient partagé des photos montrant une foule à l’aéroport, attendant les vols promis par l’organisation pour les reconduire à Miami, et indiqué qu’ils n’avaient ni nourriture ni eau.

Le festival avait ensuite publié des excuses sur son site internet, assurant que tous ceux qui avaient pris des billets seraient remboursés.

L’enquête a montré que l’entrepreneur avait sciemment présenté de façon trompeuse ce festival ainsi que la situation de ses sociétés en général pour attirer des investisseurs. En outre, il avait monté un service de billetterie qui proposait des tickets pour des événements prestigieux, sésames qui se sont révélés imaginaires.

Au total, selon le procureur fédéral de Manhattan, Geoffrey Berman, investisseurs et participants au festival ont perdu plus de 26 millions de dollars. “Aujourd’hui, McFarland s’est rendu compte, brutalement, que les fausses promesses ne mènent pas au champagne et aux fêtes somptueuses, mais en prison”, a commenté Geoffrey Berman, cité dans le communiqué publié jeudi.

Les avocats de M. McFarland avaient indiqué que leur client souffrait de troubles bipolaires qui altéraient, selon eux, son discernement.

Accord fin juillet

Une plainte en nom collectif pour tous ceux qui avaient acheté des billets a été déposée en mai 2017 devant un tribunal fédéral de Californie, réclamant des dommages et intérêts d’au moins 100 millions de dollars.

Début juillet 2018, deux participants au festival se sont vus octroyer cinq millions de dollars de dommages et intérêts par un tribunal de Raleigh en Caroline du Nord.

William McFarland a conclu, fin juillet, un accord avec le gendarme américain des marchés, la SEC, qui prévoit le remboursement de 27,4 millions de dollars, correspondant à la somme que l’entrepreneur s’était déjà engagé à restituer dans le cadre de la procédure pénale.

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