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Forcer une femme à l'”exil menstruel” désormais passible de prison au Népal

Pendant leurs menstruations, les femmes népalaises n'ont pas le droit de toucher la nourriture destinée aux autres, ni les icônes religieuses, le bétail ou les hommes (image symbolique). KEYSTONE/EPA/NARENDRA SHRESTHA sda-ats

(Keystone-ATS) Le Parlement népalais a approuvé mercredi une loi qui prévoit notamment une peine de prison pour quiconque force une femme à l'”exil menstruel”. Cette pratique liée à l’hindouisme bannit les femmes du foyer le temps de leurs règles.

Selon cette tradition appelée “chhaupadi”, les femmes sont alors considérées comme impures et, dans nombre de communautés au Népal, elles sont obligées de dormir dans une hutte éloignée. Elles n’ont pas le droit de toucher la nourriture destinée aux autres, ni les icônes religieuses, le bétail ou les hommes.

Selon la nouvelle loi, quiconque forcera une femme à se plier à cette tradition est désormais passible d’une peine de trois mois de prison, d’une amende de 3000 roupies (environ 28 francs), ou des deux.

“Une femme qui a ses règles ou se trouve en état postnatal ne doit pas être confinée à la ‘chhaupadi’, subir une discrimination similaire, ou faire l’objet d’un quelconque traitement inhumain”, dispose la loi. Le texte, approuvé à l’unanimité, n’entrera en vigueur que d’ici un an.

Interdit mais pratiqué

Officiellement, la chhaupadi est interdite depuis une décennie, mais la pratique perdure.

Krishna Bhakta Pokhrel, un élu qui a défendu la loi, espère que le texte mettra fin à cette pratique. “La ‘chhaupadi’ ne s’est pas éteinte parce qu’il n’existait aucune loi qui punissait les coupables, même après que la Cour suprême a rendu (cette pratique) illégale”, a-t-il déclaré.

Mais la militante des droits des femmes Pema Lhaki juge la loi inappliquable car la “chhaupadi” est profondément ancrée dans un système de croyances qu’il est très compliqué de changer.

“Il est faux de dire que ce sont les hommes qui forcent les femmes à s’y plier. Oui, la société patriarcale népalaise joue un rôle, mais ce sont les femmes elles-mêmes qui s’obligent à se conformer à la ‘chhaupadi'”, a-t-elle dit à l’AFP.

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