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Forte participation pour les premières élections post-Mugabe

Des Zimbabwéens font la queue pour voter à Bulawayo, la deuxième ville du pays. KEYSTONE/AP/LUCKY TSHUMA sda-ats

(Keystone-ATS) Les Zimbabwéens votaient en masse lundi lors des premières élections générales depuis la chute du président Robert Mugabe en novembre après 37 ans de pouvoir. Ces scrutins historiques sont organisés dans un climat de suspicion de fraude.

Un total de 23 candidats – un record – sont en lice pour la présidentielle, organisée en même temps que les législatives et les municipales. La course pour la fonction suprême se joue entre l’actuel chef de l’Etat Emmerson Mnangagwa, patron de la Zanu-PF, le parti au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1980, et l’opposant Nelson Chamisa, leader du Mouvement pour le changement démocratique (MDC).

“La participation est élevée”, a annoncé à la mi-journée lundi la présidente de la commission électorale Priscilla Chigumba. De longues files d’attente s’étaient formées à l’aube devant de nombreux bureaux de vote à Harare.

“Désorganisation”

Nelson Chamisa a fait part de son optimisme sur l’issue de l’élection. “La victoire est certaine, le peuple a parlé”, a-t-il lancé devant une foule de partisans. Il a toutefois affirmé dans l’après-midi sur Twitter que certains électeurs étaient empêchés de voter dans des secteurs où il bénéficie d’un important soutien. Il a notamment dénoncé des “retards délibérés et injustifiés”.

Selon le chef de la mission d’observation de l’Union européenne, les opérations de vote se déroulent sans problème dans certains cas, mais sont marquées par “une totale désorganisation” dans d’autres.

Elmar Brok a précisé que de nombreux électeurs, en particulier des jeunes femmes, ont parfois quitté les files d’attente en raison des délais trop longs pour voter. Il a ajouté qu’il était encore trop tôt pour porter un jugement global sur le déroulement de ce vote.

Espoir pour les pauvres

Présenté comme un tournant dans l’histoire du pays, le scrutin suscite chez de nombreux citoyens l’espoir de voir le Zimbabwe sortir de la crise économique qu’il traverse depuis de nombreuses années.

“J’espère un nouveau Zimbabwe”, qui “offre des opportunités égales pour tous”, a déclaré Lalita Mtetwa, une diplômée de 30 ans au chômage. “On a des millions de personnes éduquées sans emploi et vivant dans la pauvreté, seuls les riches sont dans une meilleure position”, a-t-elle fulminé.

M. Mnangagwa a succédé en novembre à M. Mugabe, qui a dirigé d’une main de fer le pays pendant près de quatre décennies. Ce dernier a été contraint à la démission, poussé vers la sortie par l’armée et par son propre parti, qui ont refusé que sa fantasque et ambitieuse épouse Grace lui succède le moment venu.

Mugabe a voté

M. Mnangagwa, qui a voté dans sa ville natale de Kwekwe (centre), s’est félicité lundi que “la campagne ait été pacifique, tout comme le vote”. Les élections sous l’ère Mugabe ont été régulièrement entachées de violences et de fraudes.

En début d’après-midi, ce fut autour de M. Mugabe, accompagné de son épouse, de voter sous les flashs des photographes à Harare. Il s’est refusé à tout commentaire. Mais la veille, il avait, lors d’une conférence de presse surprise, appelé les électeurs à faire chuter la Zanu-PF et “la forme militaire de gouvernement” actuel.

“Je ne peux pas voter pour ceux qui m’ont mal traité”, avait-il poursuivi, avant de sous-entendre qu’il donnerait sa voix à M. Chamisa, dont il a toujours combattu la formation.

Embarrassé, le chef de l’opposition a nié toute alliance avec l’ancien président et s’est dit lundi confiant dans la victoire. “Je n’ai aucun doute que d’ici la fin de la journée, nous devrions avoir une voix catégorique pour le changement”, a lancé le quadra.

L’écart s’est réduit

M. Mnangagwa reste toutefois favori de la présidentielle, mais l’écart entre les deux hommes s’est récemment réduit dans les sondages. Le premier est crédité de 40% des suffrages, contre 37% pour le second, selon un sondage publié il y a dix jours par le groupe Afrobarometer.

Si aucun candidat n’obtient la majorité absolue, un second tour sera organisé le 8 septembre.

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