Des perspectives suisses en 10 langues

François aux Centrafricains: “résistez à la peur de l’autre”

(Keystone-ATS) Le pape François a été accueilli triomphalement dimanche à Bangui. Il a demandé aux Centrafricains de résister à “la peur de l’autre”, quelle que soit sa religion ou son ethnie, pour mettre fin aux violences intercommunautaires qui ont ensanglanté le pays depuis 2013.

Sur une partie des quatre kilomètres du trajet de l’aéroport au palais présidentiel, le pape est monté dans sa jeep blanche découverte. Une foule très jeune et très pauvre l’acclamait sur les talus, avec frénésie et joie, agitant parfois des branches d’arbre en signe de paix.

Sur le parcours le menant au centre-ville, des voitures blindées de l’ONU, des policiers et des soldats étaient déployés ici et là.

Porteur d’un message de paix et de réconciliation interreligieuse, François, dont la tournée l’avait auparavant mené au Kenya et en Ouganda, est à Bangui pour l’étape la plus risquée de sa tournée africaine.

“Entamer sereinement une nouvelle étape”

Devant la présidente de transition Catherine Samba-Panza, il a invité les Centrafricains à éviter l’isolement communautaire: “il faut éviter la tentation de la peur de l’autre, de ce qui n’appartient pas à notre ethnie, à nos options politiques ou à notre confession religieuse”.

“Mon souhait le plus ardent, a-t-il ajouté, est que les différentes consultations nationales qui vont se tenir dans quelques semaines permettent au pays d’entamer sereinement une nouvelle étape de son histoire”. Des élections présidentielle et législatives sont prévues le 27 décembre en Centrafrique.

“Chaque personne a une dignité et je me suis laissé dire que la Centrafrique est le pays du ‘Zo kwe zo’ (“un homme en vaut un autre”, en sango), où chaque personne est une personne”, a-t-il souligné.

La présidente demande “pardon”

Il a délivré le même message dans un camp de déplacés à la paroisse du Saint-Sauveur, qui abrite 3700 femmes et enfants, principalement chrétiens, déplacés par les violences. “Nous voulons la paix. Il n’y a pas de paix sans pardon, sans tolérance. Quelle que soit l’ethnie, la condition sociale, nous sommes tous frères”. Et il a fait répéter à l’assemblée enthousiaste: “nous sommes tous frères”.

Une immense joie se lisait sur les visages, et le pape a salué un à un des centaines d’enfants, en rang au milieu de baraques et de tentes. Parmi eux, Fidèle Nodjindorom affirmait: “le pape est venu pour demander à Dieu de nous sauver”.

Auparavant, la présidente Samba-Panza avait demandé solennellement “pardon” pour “tout le mal” commis par les Centrafricains depuis 2013. “Il revient aux filles et aux fils de ce pays de reconnaître leurs fautes et demander un pardon sincère que votre bénédiction transformera en un nouveau levain pour la reconstruction du pays”, a-t-elle dit au pape.

La situation n’est pas apaisée dans la capitale centrafricaine entre miliciens Séléka (majoritairement musulmans) et anti-Balaka (chrétiens).

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision