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France: la justice reconnaît le handicap dû à l’électrosensibilité

(Keystone-ATS) La justice française a reconnu pour la première fois l’existence d’un handicap grave dû à l’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques. Il s’agit d’un dossier sensible dans un environnement où téléphones mobiles et wifi sont omniprésents.

Passé inaperçu lors de sa publication début juillet, le jugement d’un tribunal de Toulouse confirme, expertise médicale à l’appui, que la plaignante souffre d’un syndrome dont “la description des signes cliniques est irréfutable”.

Le jugement a été transmis mardi à l’AFP par l’association Robin des Toits, qui milite pour la sécurité sanitaire dans les technologies sans fil. Il évalue sa déficience fonctionnelle à 85%, estime qu’elle ne peut pas travailler et lui accorde le droit à une allocation pour adulte handicapé – environ 800 euros par mois – pour trois ans, éventuellement renouvelables.

“Une grande première”

“Cette reconnaissance par la justice est une grande première en France”, a commenté le porte-parole de Robin des Toits, Etienne Cendrier. “C’est une percée”, a ajouté la plaignante, une femme de 39 ans qui vit dans la précarité et se bat pour la reconnaissance de son handicap.

L’hypersensibilité aux ondes magnétiques n’est pas reconnue officiellement en France comme maladie et fait l’objet de controverses entre experts. Elle se traduit par des maux de tête, picotements, troubles du sommeil, des symptômes divers, transitoires et communs à de nombreuses affections.

Ceux qui se déclarent “hypersensibles” citent souvent les antennes-relais, portables, téléphones sans fil ou wifi comme causes directes de leurs maux.

Possible jurisprudence

Pour la première fois, un homme souffrant d’électrosensibilité s’était vu accorder par l’administration une aide financière en 2014 dans l’Essonne. Mais il s’agissait d’un accord à l’amiable et non d’une décision de justice.

L’avocate de la plaignante, Alice Terrasse, a affirmé que ce jugement pourrait faire jurisprudence, car “des milliers de personnes” sont concernées, mais n’ont pas saisi les tribunaux jusqu’à aujourd’hui.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a reconnu en 2005 que l’électrosensibilité était “caractérisée par divers symptômes non spécifiques qui diffèrent d’un individu à l’autre” et “ont une réalité certaine et peuvent être de gravité très variable”.

Mais il n’existe ni critères diagnostiques clairs, ni base scientifique permettant de relier les symptômes à une exposition aux champs électromagnétiques, ajoutait l’étude de l’OMS.

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