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Freetown enterre ses morts après des inondations catastrophiques

Les secouristes se regroupent au sommet d'un glissement de terrain dans l'est de Freetown. KEYSTONE/AP/MANIKA KAMARA sda-ats

(Keystone-ATS) La Sierra Leone enterrait ses morts jeudi au cours d’une cérémonie en présence du président Ernest Bai Koroma. Ce dernier a décrété une semaine de deuil national après les inondations catastrophiques qui ont fait plusieurs centaines de victimes en début de semaine.

Ravagés par le chagrin et la colère après la disparition de leurs proches emportés par les coulées de boue et les inondations à Freetown, des Sierra Léonais devaient participer à des inhumations collectives, car de nombreux corps n’ont pas été identifiés.

Ces victimes devaient être enterrées à Waterloo, une localité proche de la capitale, à côté des tombes de personnes décédées pendant l’épidémie du virus Ebola qui a fait 4000 morts en Sierra Leone en 2014 et 2015.

Les autorités avaient donné jusqu’à mercredi soir aux familles pour venir identifier leurs proches à la morgue centrale de la ville, où les corps, dont ceux de 105 enfants, s’entassaient dans une odeur pestilentielle.

La Croix-Rouge a précisé que les enterrements qui ont eu lieu mardi concernaient en fait la mise en terre de parties du corps de victimes, qui avaient été empilés dans des sacs mortuaires.

Déforestation et urbanisme sauvage

Avec un bilan définitif qui pourrait atteindre les 1000 morts – les chiffres donnés jusqu’ici évoquent plus de 300 décès (dont au moins 105 enfants) et 600 disparus -, habitants et experts critiquent l’inefficacité des autorités à endiguer la déforestation et l’urbanisme sauvage. Ces deux facteurs sont considérés comme ayant amplifié l’ampleur de la catastrophe.

Les habitants de Freetown – capitale surpeuplée de quelque 1,2 million de personnes d’un des pays les plus pauvres au monde – avaient été surpris dans leur sommeil dans la nuit de dimanche à lundi quand, après trois jours de pluie torrentielle, des torrents de boue ont envahi les rues et que des pans de collines se sont effondrés sur les habitations.

Les secours, qui mènent l’épuisant travail de dégagement des corps encore ensevelis sous la boue et tâchent de venir en aide aux milliers de survivants désormais sans abri, ont prévenu que la saison des pluies était loin d’être finie et que de nouvelles inondations étaient possibles.

L’aide s’organise

Dans les quartiers dévastés, l’aide internationale a commencé à s’organiser. Des ONG et des agences de l’ONU distribuent des colis de nourriture et des produits d’hygiène aux milliers de survivants hébergés dans des centres d’accueil, chez des voisins ou au sein de leur famille.

Selon Jaime Hitchen, un expert du groupe de réflexion “Africa Research Institute”, il serait “du ressort des politiques” d’identifier les carences du système de collecte des déchets, empêcher la déforestation, planifier l’urbanisation ou fournir des logements décents. Mais les systèmes de drainage étaient bouchés et les décharges débordaient, selon lui.

Après la catastrophe, le gouvernement a promis d’examiner la possibilité de construire de nouveaux quartiers sur la péninsule où est située Freetown. Mais jusqu’ici ces mesures ont échoué, les habitants préférant rester près du centre-ville pour se rendre plus facilement au travail.

Dans l’immédiat, les autorités et les agences internationales vont devoir éviter la propagation de maladies qu’entraînent habituellement les inondations, comme la dysenterie et le choléra.

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